Les humains font l’objet d’un reconfinement en raison de la pandémie de Covid-19, notamment en Australie. Au même moment en Chine, on confine les porcs dans d’imposants immeubles où la surveillance est digne d’un laboratoire de haute sécurité. L’objectif ? Venir à bout de la peste porcine et assurer une production gigantesque.
Stopper l’épidémie est urgent
Depuis 2018, la peste porcine a touché une cinquantaine de pays en Afrique, en Asie et en Europe avant d’atteindre l’Amérique après des décennies d’absence. Il s’agit plus précisément de la fièvre porcine africaine (FPA) à l’origine selon les observateurs de «la plus grande épidémie animale jamais vue sur la planète ». Depuis plusieurs mois, l’Organisation Mondiale de la santé animale (OIE) appelle les gouvernements à mener des actions urgentes pour stopper la progression de la maladie.
Dans un article du 2 août 2021, le quotidien hongkongais South China Morning Post évoque une multiplication des « hôtels à cochons » en Chine. Ces lieux de production – souvent des immeubles stéréotypés de treize étages – font l’objet d’une surveillance importante, à l’aide de nombreuses caméras et contrôles d’accès. Chaque complexe de ce type abrite environ 10 000 porcs en permanence et la capacité de production est de 120 000 têtes par an.
Plusieurs sociétés sont à l’origine de ces bâtiments, comme Muyuan Foods. Citons également New Hope, ayant récemment construit un complexe de trois bâtiments de cinq étages chacun pour une surface totale de 140 000 mètres carrés, soit l’équivalent d’une vingtaine de terrains de football.
Une sécurité digne des plus grands labos
Avec une telle concentration de bêtes, il est facile d’imaginer qu’un virus ou autre bactérie pourrait faire des ravages en un claquement de doigts. En réalité, tout est fait pour que les animaux restent isolés du monde extérieur. Le personnel fait l’objet de protocoles sanitaires dignes d’un laboratoire de haute sécurité. Par exemple, ils doivent prendre des douches à l’entrée et à la sortie et il est formellement interdit de porter quelque chose aux poignets (montre, bracelet).
À l’intérieur, des robots ont pour mission de surveiller la température des animaux, ainsi que les distributions de nourriture deux fois par jour. Citons surtout la présence d’un système de filtration d’air dernier cri capable de procéder à des opérations de désinfection de façon automatique. Certaines de ces usines ont même bâti des dortoirs à destination de leurs employés afin de limiter encore davantage les contacts avec l’extérieur.
Une solution toute trouvée
La Chine a donc mis les moyens et ceci n’est pas le fruit du hasard. En effet, alors que la peste continue de sévir, le cheptel chinois avait été décimé en 2019. En effet, plus de la moitié des bêtes présentes sur le territoire avaient perdu la vie, une catastrophe à l’origine d’une inflation inédite. À l’époque, les accusations portaient sur les petites exploitations familiales dont les conditions d’hygiène étaient déplorables selon les autorités. Pourtant, pas moins de 11 nouveaux foyers de contamination sont apparus depuis début 2021, bien que le cheptel se reconstitue à grande vitesse.
Ces « hôtels à cochons » répondent à une problématique sanitaire, mais aussi à des problèmes d’aménagement du territoire. En effet, l’urbanisation galopante fait que les espaces à consacrer à l’élevage fondent comme neige au soleil. Or, les structures intensives produisent trois fois plus de porcs par unité de surface et les effluents sont réutilisés en tant que fertilisants. La Chine n’a donc pas réfléchi longtemps pour adopter cette solution posant évidemment des questions sur le plan éthique.
Enfin, le South China Morning Post avait déjà évoqué en images l’apparition des premiers immeubles de ce type en 2018 :