Le 2 juin, la mission chinoise Chang’e 6 a marqué une nouvelle étape dans l’exploration lunaire en déposant un drapeau national sur la face cachée de la Lune. Ce drapeau, bien que petit, est emblématique à plusieurs égards. Mesurant 300 mm sur 200 mm, soit la taille d’une feuille de papier A4, et pesant seulement 11,3 g, il représente une avancée technologique significative grâce à son matériau principal : le basalte lunaire.
Une exploitation innovante des ressources lunaires
Le choix du basalte, une roche volcanique abondante sur la Lune et sur Terre, s’inscrit dans le principe d’utilisation in situ. Cette approche vise à exploiter les ressources disponibles sur place plutôt que de transporter des matériaux depuis la Terre, alignant ainsi cette mission avec les objectifs d’une exploration spatiale durable.
Cao Genyang, professeur à l’Université textile de Wuhan et membre de l’équipe de développement du drapeau, a expliqué que l’idée est venue de l’analyse des échantillons rapportés par la mission Chang’e 5 qui révélaient que le principal composant du sol lunaire était le basalte. Cette découverte a conduit l’équipe à se demander comment utiliser ce matériau abondant comme fibre inorganique haute performance.
Ce drapeau était un défi technique
Transformer le basalte en un drapeau capable de résister aux conditions extrêmes de la surface lunaire a été un véritable défi. Le basalte est en effet une fibre inorganique lisse et cassante, ce qui rend sa filature et la conservation de ses couleurs difficiles. Wang Yunli, professeur à l’Université textile de Wuhan, a précisé que le processus d’impression et de teinture impliquait des techniques spécialisées pour s’adapter aux conditions lunaires et au voyage spatial.
La production du drapeau a commencé par la collecte et le mélange de roches de basalte. Ces roches ont été réduites en très petits morceaux, puis transformées en fibres ultrafines. Ces fibres ont ensuite été filées en fils, tissés pour créer un tissu et enfin imprimés. Des méthodes physiques et chimiques spécifiques ont été utilisées pour améliorer les performances des tissus, aboutissant à un matériau composite composé principalement de basalte, représentant 62 % de l’ensemble. La dernière étape de la production a impliqué la découpe, le parage et la couture au laser, aboutissant à la création du drapeau final.

Le déploiement de ce drapeau sur la face cachée de la Lune par la mission Chang’e 6 représente ainsi une avancée majeure dans l’exploration lunaire et la technologie textile. Cette réalisation met ainsi en lumière la capacité du pays à innover en utilisant des ressources extraterrestres et à surmonter des défis technologiques complexes. Elle ouvre également la voie à de futures missions d’exploration et à une utilisation plus efficace des matériaux disponibles sur d’autres corps célestes.
Quant aux échantillons collectés sur place, ils sont déjà en route. Leur retour est prévu pour le 25 juin. Ils seront ensuite transportés vers un laboratoire de Pékin pour examen.