La Chine envisage d’utiliser des lasers pour nettoyer l’espace de ses débris

Crédits : ESA

Pour éliminer les nombreux débris spatiaux qui polluent l’orbite terrestre basse, des chercheurs chinois envisagent d’envoyer un laser dans l’espace. Si la mesure semble efficace, certains craignent une militarisation de l’espace.

 Après soixante années d’activités spatiales, les débris orbitaux sont l’un des plus grands problèmes auxquels font face les agences spatiales. Aujourd’hui, l’orbite terrestre basse (LEO) se retrouve en effet encombrée, et le moindre petit objet constitue une menace pour la Station spatiale internationale et les autres satellites encore actifs. Ces débris, il faut donc s’en débarrasser. Certains ont proposé des aimants géants, d’autres des filets, mais la Chine envisage quant à elle le développement de lasers spatiaux géants.

Dans le cadre d’une étude menée par Quan Wen, de l’Air Force Engineering University de Chine, des chercheurs ont effectué des simulations numériques pour savoir si une station orbitale dotée d’un laser pulsé de forte puissance pouvait faire une brèche dans les débris orbitaux. En se basant sur des évaluations de la vitesse et des trajectoires empruntées par les débris, ils ont alors découvert qu’un laser en orbite serait en mesure de supprimer les débris en émettant des faisceaux lumineux – au nombre de 20 par seconde – dans leur direction pendant deux minutes. Le laser pourrait également détourner la trajectoire des débris et les envoyer en direction de la Terre pour les détruire au moment de l’entrée dans l’atmosphère.

Si le fait que la Chine étudie la question est néanmoins le signe de la présence croissante de la nation dans l’espace, ce n’est pas la première fois qu’un tel système est considéré comme un moyen possible d’éliminer les débris spatiaux. Cette initiative semble également logique, puisque le pays est considéré comme l’un des pires contrevenants du monde en matière de débris spatiaux. En 2007, la Chine avait en effet procédé à un test de missile anti-satellite qui avait alors amené à la création de plus de 3000 morceaux de débris dangereux. En plus d’avoir causé des dommages à un satellite russe en 2013, ce nuage de débris a été considéré comme l’un des plus importants de l’histoire. Une grande partie de ces débris sont encore en orbite.

Si la technique du laser semble ici radicale et efficace, certains craignent cependant que le déploiement en orbite basse d’une telle technologie entraîne la militarisation de l’espace. Conformément au Traité de 1966 sur l’espace extra-atmosphérique, mis en place pour faire en sorte que l’espace ne devienne pas le dernier front de la guerre froide, tous les signataires ont convenu de ne pas placer d’armes nucléaires ou d’autres armes de destruction massive en orbite. Dans les années 1980, la Chine fut ajoutée au traité, et est donc liée à ses dispositions. Le développement de réseaux laser spatiaux pourrait alors constituer une violation possible de ce traité.

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