Une selle en cuir très ancienne découverte en Chine

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La selle de cheval en cuir de la tombe de Yanghai, dans le nord-ouest de la Chine. Crédits : Patrick Wertmann

Une équipe d’archéologues annonce avoir mis au jour une selle de cheval en cuir (peut-être la plus ancienne jamais enregistrée) dans une tombe du nord-ouest de la Chine. Que retenir de cette nouvelle découverte ? Nous faisons le point.

Avant l’avènement des moteurs à carburant, le transport à longue distance de personnes et de marchandises à des fins civiles et militaires était assuré par la puissance des chevaux, notamment en Eurasie. Les conditions préalables à son utilisation omniprésente ont été la domestication, l’entraînement et la disponibilité d’un nombre suffisamment important d’animaux, mais aussi l’invention d’une technologie pour les contrôler afin de permettre l’équitation et la traction. Mais à quand remontent ces premières technologies ?

La question continue d’interroger les chercheurs. Généralement, les brides, en particulier en os, en corne, en bois de cerf ou en métal de différents types et formes, sont utilisées comme marqueurs chronologiques dans ce domaine d’étude. Cependant, les articles en cuir tels que les selles et leurs accessoires associés, qui ont révolutionné l’efficacité de l’équitation, en particulier au combat, ont toujours été difficiles à retracer, car le cuir se décompose dans la plupart des conditions de sol, d’où l’intérêt de cette nouvelle découverte.

La plus ancienne selle directement datée ?

Dans la revue Archaeological Research in Asia, une équipe d’archéologues de l’Université de Zurich décrit l’analyse d’une selle en cuir souple bien conservée récupérée dans la tombe d’une femme sur le site du cimetière de Yanghai, dans le bassin chinois de Turfan.

Jusqu’à présent, la plus ancienne selle connue, découverte dans le nord-ouest de l’Altaï, remontait à 430–420 avant notre ère. Elle appartenait à un membre des Scythes. Ces cavaliers nomades et guerriers de la steppe eurasienne occidentale et centrale sont connus pour avoir interagi avec les anciens Grecs et Romains. Ici, la datation au radiocarbone suggère une période située à entre 727 et 396 avant notre ère. Il est donc tout à fait possible que cette nouvelle pièce, formée de deux coussins en peau de vache remplis d’un mélange de paille et de poils de cerf et de chameau, soit encore plus ancienne.

Notez que ces deux selles avaient toutes deux des supports distincts permettant aux cavaliers de maintenir une position ferme et de se redresser, probablement pour tirer des flèches. En revanche, aucune ne possédait d’étriers.

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Crédits : Patrick Wertmann

Une femme cavalière

D’après l’étude, la femme était vêtue d’un manteau en peau, d’un pantalon en laine et de bottes courtes en cuir. Elle a également été retrouvée en position assise avec la selle posée sous ses fesses. D’après les chercheurs, cette position laisse penser qu’elle était une cavalière.

Plus généralement, on pense que les tombes de Yanghai appartiennent à des personnes de la culture Subeixi, qui occupaient le bassin de Turpan il y a environ 3 000 ans. La culture porte le nom d’un autre cimetière de tombes situé près de la ville moderne de Subeixi, à environ cinquante kilomètres au nord-est de Yanghai. Nous savons que les Subeixi possédaient des armes, des équipements pour chevaux et des vêtements similaires à ceux des Scythes. D’ailleurs, les auteurs de l’étude estiment qu’il est possible que ces deux peuples aient interagi à leur époque dans les montagnes de l’Altaï.

Enfin, le niveau extraordinaire de préservation de cette selle suggère que d’autres pièces potentiellement plus anciennes pourraient être trouvées à proximité. Rappelons que les archéologues pensent maintenant que les chevaux ont été domestiqués il y a environ 6 000 ans, d’abord pour leur lait et leur viande. L’équitation ne serait apparue que mille ans plus tard.