Le Centre national des sciences spatiales de Chine prévoit de tirer plus d’une vingtaine de fusées dans l’espace pour détourner la trajectoire de l’astéroïde Bennu, susceptible de représenter une menace pour la vie sur Terre.
Si le nom de « Bennu » vous dit quelque chose, c’est normal. L’astéroïde (500 mètres de large) vient en effet de recevoir de la visite : celle de la NASA. Quatre ans après son lancement depuis la Floride, la sonde OSIRIS-REX effectuait en octobre dernier une tentative d’échantillonnage de l’objet à plus de 330 millions de kilomètres de la Terre. Le but était d’en obtenir au moins soixante grammes : mission accomplie ! La sonde a entamé son voyage de retour en mai dernier. Elle devrait normalement revenir sur Terre le 24 septembre 2023.
Les échantillons de Bennu intéressent la NASA dans la mesure où la roche se présente comme une relique quasi inchangée depuis environ 4,6 milliards d’années. Aussi, analyser ces échantillons avec une instrumentation de pointe pourra nous donner un aperçu de la formation de notre système. En outre, cette matière pourrait également contenir les précurseurs moléculaires susceptibles d’avoir conduit au développement de la vie terrestre.
Une menace pour la Terre
Cependant, Bennu interroge également pour une autre raison. En effet, l’astéroïde est en passe de plonger à moins de 7,5 millions de kilomètres de l’orbite terrestre entre 2175 et 2199. Bien que les probabilités d’impact soient minces (1 sur 2 700), une telle rencontre pourrait faire énormément de dégâts. L’énergie cinétique estimée d’un impact de Bennu avec la Terre est en effet estimée à 1 200 mégatonnes, ce qui est environ 80 000 fois supérieur à l’énergie de la bombe larguée sur Hiroshima.
Vingt-trois impacteurs
Ces données en tête, les scientifiques du Centre national des sciences spatiales de Chine aimeraient « prendre les devants » en détournant dès maintenant la trajectoire de l’objet.
Pour ce faire, les chercheurs prévoient d’envoyer vingt-trois fusées Longue Marche 5 dans l’espace faisant chacune 992 tonnes. En se fracassant simultanément sur l’astéroïde, elles seraient capables de faire dévier l’astéroïde sur près de 9 000 km. Leurs calculs seront publiés en novembre dans le prochain numéro de la revue Icarus.
« Les impacts d’astéroïdes constituent une menace majeure pour toute vie sur Terre« , a déclaré Mingtao Li, ingénieur en sciences spatiales du Centre national des sciences spatiales de Pékin et auteur principal de la nouvelle étude. « La déviation d’un astéroïde sur une trajectoire d’impact est essentielle pour atténuer cette menace« .
On ignore le calendrier de cette mission, mais elle ne devrait pas voir le jour avant quelques années. Entre-temps, la NASA et l’ESA seront les premières à tester cette nouvelle méthode de « déplacement d’astéroïdes » avec la mission DART (Double Asteroid Redirection) qui aura pour cible le système d’astéroïdes Didymos.