Les chimpanzés jouent du tambour pour rester en contact

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Crédits : slawrence50/Pixabay

Dans les forêts tropicales d’Ouganda, il arrive que des chimpanzés se ruent vers un arbre pour taper leurs pieds en rythme contre la base du tronc. Les primatologues connaissent ce comportement depuis des années, mais a-t-il une fonction particulière ? Une étude publiée dans Animal Behavior suggère que chaque mâle propose un modèle de tambour unique utilisé pour diffuser des informations sur de longues distances lors de ses déplacements.

Les signaux acoustiques se transmettent sous forme de vibrations à travers le substrat et/ou dans l’air. Ils remplissent un large éventail de fonctions, y compris la compétition et l’attraction des partenaires, la publicité de l’emplacement et la cohésion du groupe. Ces signaux sont particulièrement importants lorsque les animaux se déplacent hors de portée des signaux visuels et tactiles utilisés par leurs congénères.

La plupart de ces comportements impliquent des vocalisations. Cependant, un large éventail d’espèces utilise également des signaux acoustiques non vocaux tels que le tambourinage lorsqu’ils communiquent sur de longues distances. Cela suggère que ces signaux répondent à des besoins spécifiques à travers les lignées. Mais quels sont ces besoins, précisément ?

Pour le savoir, une équipe dirigée par Catherine Hobaiter, primatologue à l’Université de St Andrews (Écosse), s’est tournée vers les chimpanzés, connus pour tambouriner les racines d’arbres. Les sons produits, très sourds, résonnent alors dans toute la forêt.

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Crédits : Adrian Soldati / Université de St Andrews

« C’est moi, je suis là »

Pour en apprendre davantage sur leur fonction, les chercheurs ont enregistré 273 échanges de communications longue distance impliquant huit chimpanzés. Ils ont examiné la structure acoustique des différents coups de tambour, relevant systématiquement la durée, le nombre de battements, le temps entre chaque battement, ainsi que les vocalisations associées.

L’équipe a découvert que ces huit chimpanzés tambourinaient le plus souvent lorsqu’ils voyageaient et lorsqu’ils étaient en petits groupes de deux à trois individus. Ils ont également relevé des différences entre les individus, suggérant que les sons produits pourraient servir à maintenir le contact avec des membres éloignés du groupe. En gros, les chimpanzés tambourinent pour savoir où sont les autres et décider de les rejoindre ou non.

« Nous pouvions souvent reconnaître lequel jouait du tambour quand nous les entendions. C’était un moyen fantastique d’identifier les différents chimpanzés que nous recherchions« , note Catherine Hobaiter. « Si nous pouvions le faire, nous étions sûrs qu’ils le pouvaient aussi. »

À l’inverse, les chercheurs ont également remarqué sur les chimpanzés qui ne se déplaçaient pas ou ne voulaient simplement pas communiquer leur emplacement aux autres ne tambourinaient pas. Les auteurs de l’étude supposent que cette absence de communication acoustique non verbale pourrait être utile pour éviter la confrontation avec des individus ou des concurrents de rang supérieur qui pourraient les approcher et les défier.

Enfin, cette nouvelle étude pourrait également aider à comprendre pourquoi les chimpanzés se saluent, mais ne semblent pas se dire au revoir lorsqu’ils se séparent. Ce comportement intriguait les primatologues jusqu’à présent. « Les chimpanzés n’ont peut-être pas besoin de dire au revoir, car ils sont effectivement capables de rester en contact pendant leur absence« , résume ainsi la chercheuse. « Ces signaux longue distance donnent aux chimpanzés un moyen de se connecter les uns aux autres« .