Des scientifiques ont découvert que les chimpanzés et les bonobos, étudiés dans trois zoos différents, peuvent se souvenir des visages de leurs anciens compagnons, même après des décennies sans les avoir vus. Cette exploration de la mémoire sociale chez ces proches parents humains offre un aperçu intrigant de leur capacité à se souvenir de relations sur de longues périodes.
Étudier les capacités mnésiques de nos proches parents
Des chercheurs ont récemment entrepris une étude sur la mémoire sociale des bonobos et des chimpanzés dans le but de mieux comprendre les capacités mnésiques de ces primates, qui sont parmi les parents vivants les plus proches de l’Homme. En examinant la persistance des souvenirs et des relations sociales au fil du temps, les scientifiques ont plus précisément cherché à éclairer les mécanismes cognitifs sous-jacents qui influencent la mémoire à long terme chez ces primates.
Dans le cadre de ces travaux, les chercheurs ont montré à des chimpanzés et à des bonobos évoluant dans trois zoos différents en Écosse, en Belgique et au Japon, des photographies d’autres singes qu’ils avaient connus, mais qui ont quitté le zoo ou sont décédés. Les singes étudiés n’avaient pas vu ces autres singes depuis au moins neuf mois et, dans certains cas, depuis 26 ans. Ces photographies étaient également accompagnées d’images de parfaits inconnus.

Une remarquable mémoire à long terme
Les résultats ont montré que les chimpanzés et bonobos étaient plus intéressés par les photos de leurs anciens amis que par celles d’inconnus. De plus, les réactions des singes étaient influencées par leurs expériences passées avec ces individus. Ils montraient en effet un intérêt accru s’ils avaient eu des interactions positives.
Certains singes, comme le bonobo Louise, ont notamment montré une préférence marquée pour les photos de membres de leur famille qu’ils n’avaient pas vus depuis plus de 25 ans. Ces découvertes suggèrent que les singes peuvent avoir une mémoire sociale durable pouvant persister pendant plusieurs décennies.
« Ce modèle de relations sociales qui façonnent la mémoire à long terme chez les chimpanzés et les bonobos est similaire à ce que nous observons chez les humains, à savoir que nos propres relations sociales semblent également façonner notre mémoire à long terme des individus« , note Laura Lewis, anthropologue biologique à l’Université de Californie à Berkeley.
« L’idée qu’ils se souviennent des autres et que ces individus peuvent par conséquent leur manquer est en réalité un mécanisme cognitif puissant« , ajoute la chercheuse. « Notre étude ne le détermine pas, mais soulève au moins la possibilité qu’ils puissent ressentir un tel sentiment« .
Cette exploration pourrait donc aider à répondre à des questions plus profondes sur la nature des relations sociales parmi les primates, y compris la possibilité d’émotions telles que le manque chez ces animaux.
Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences.