Chili : la vie recluse des chasseurs d’étoiles du désert d’Atacama

Crédits : Wikipedia

Dans ce pays, une centaine de personnes travaillent et vivent en permanence dans le plus grand observatoire européen du monde. Isolés dans le désert le plus sec au monde, ces astronomes sont perchés à environ 2600 m d’altitude.

Aucune vie, ni animale ni végétale, des montagnes rougeâtres jusqu’à l’horizon. Voilà l’ambiance du désert le plus aride du monde : le désert d’Atacama. Dans les années 1990, une dizaine de télescopes ont été construits sur le Cerro Paranal (2 635 m d’altitude) afin de composer le plus grand observatoire du monde, ce dernier appartenant à l’European Southern Observatory (ESO). Il semble que le site ait été choisi justement pour son aridité, une caractéristique physique qui favoriserait une bonne vision du ciel durant la nuit.

« L’Observatoire est un peu comparable à un bateau ou à une plate-forme pétrolière en pleine mer, car il n’y a rien à faire autour. Si on ne fait ni fromage, ni bière, ni Chartreuse, on produit des données scientifiques. Notre vie ici est finalement très monacale » explique avec humour Julien Girard, astronome de l’ESO.

Autrement dit, les astronomes de l’ESO vivraient reclus tels de véritables moines. La première ville est située à près de 100 km : il est donc activement déconseillé de ne pas trop s’éloigner du site, car aucun point de repère n’est visible.

Les astronomes travaillent sans relâche pour répondre aux demandes d’observation émanant des quatre coins du globe, avec une priorité pour les scientifiques européens. La nuit est exploitée au maximum, donc l’observatoire ne souffle quasiment jamais.

« Les seules raisons qui nous obligent à fermer, sont d’ordre climatique – pluie, vent tournant excessif… – ou, rarement, à cause de pannes » indique Maxime Boccas, le chef des ingénieurs chargés du bon fonctionnement des télescopes.

Le site d’Atacama abrite de véritables passionnés, ce qui leur fait supporter ce quotidien : « L’ambiance est studieuse. Notre vie sociale est très réduite, car nous sommes assez peu nombreux à travailler de nuit – il y a entre un et quatre scientifiques par télescope – et chacun va se coucher à une heure différente. Le jour, on dort, chacun se réveille et déjeune à une heure différente. Aujourd’hui, j’ai fait du sport tout seul, par exemple » explique Julien Girard.

« Je ne ferais pas ça toute ma vie »

Un autre élément favorise le fait que les astronomes restent positifs quant à leur quotidien : ils ne restent pas sur le site toute l’année, mais seulement un quart ou un tiers. Comme l’indique Evelyn Johnston, nouvelle recrue anglaise, il n’est pas aisé de trouver son rythme : « Tu dois constamment te recaler entre jour et nuit, explique-t-elle. C’est difficile, aussi, de ne jamais rester plus de trois ou quatre semaines de suite dans un même lieu, et tu dois tout prévoir 7 mois à l’avance, car tes séjours à Paranal sont fixés très longtemps à l’avance. »

Et pourtant, un confort optimal équipe le site, bien que les installations de loisirs soient plus utilisées par les équipes de jour. Jardin exotique, salle de cinéma, baby-foot, ping-pong, billard, salle de musique équipée, l’ESO n’a pas lésiné sur les moyens pour convaincre leurs équipes d’accepter de travailler isolés au bout du monde.

Crédits : Wikipedia

Sources : RFITéléramaL’Express