Les « chiens chanteurs » sont toujours présents à l’état sauvage

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Crédits : Anang Dianto

Une étude génomique a permis de constater que les chiens chanteurs de Nouvelle-Guinée, que l’on pensait éteints depuis cinquante ans, prospèrent toujours à l’état sauvage.

Les chiens chanteurs de Nouvelle-Guinée sont connus pour leur vocalisation unique. Ils n’aboient pas, ne jappent pas, mais sont capables de produire des sons parfois très harmoniques. Seuls environ 300 de ces canidés sont encore présents dans des centres de conservation, mais aucun d’entre eux n’avait été observé dans la nature depuis les années 1970.

« Le chien chanteur de Nouvelle-Guinée que nous connaissons aujourd’hui est une race qui a été essentiellement créée par des humains« , explique Elaine Ostrander, de l’Institut national de recherche sur le génome humain (NHGRI). « Huit ont été amenés aux États-Unis et se sont reproduits pour créer ce groupe« .

Ce faible échantillon de départ a forcément produit une grande quantité de consanguinité chez ces animaux. De ce fait, ils ont probablement perdu un grand nombre de variantes génomiques qui existaient autrefois chez leurs homologues sauvages. Et ce manque de variation génétique menace leur survie.

Les chiens sauvages des Highlands

Retour maintenant en Nouvelle-Guinée. Il existe ici même une autre race de chien, appelée Highland Wild Dog, dont les représentants sont physiquement très similaires aux « chanteurs » de Nouvelle-Guinée. La ressemblance est telle que des chercheurs avaient précédemment émis l’hypothèse que ces chiens sauvages des Highlands pourraient être directement liés aux chiens chanteurs captifs de Nouvelle-Guinée.

Néanmoins, jusqu’à présent, la nature très timide de ces canidés des Highlands a rendu difficile le test de la théorie. En 2016, une équipe internationale de chercheurs s’est aventurée vers les sommets du Puncak Jaya, une haute montagne de nouvelle-Guinée. Ici, ils ont finalement observé quinze de ces animaux près de la mine Grasberg. Il s’agit de la plus grande mine d’or au monde, située à près de 4000 mètres d’altitude.

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Photo prise en 2020. Crédits : Anang Dianto

La même race

Une étude de suivi menée en 2018 a ensuite permis de collecter des échantillons de sang de trois de ces chiens, permettant une analyse de leur génome. Ces données ont ensuite été comparées à l’ADN des chiens chanteurs captifs de Nouvelle-Guinée.

« Nous avons constaté des séquences génomiques très similaires, beaucoup plus proches les unes des autres que de tout autre canidé connu« , explique alors le Dr Parker, co-auteur de ces travaux.

Selon les chercheurs, les chiens chanteurs de Nouvelle-Guinée et ceux des Highlands n’ont des génomes légèrement différents qu’en raison de leur séparation physique pendant plusieurs décennies. Et surtout en raison de la consanguinité parmi les chiens chanteurs captifs de Nouvelle-Guinée. En réalité, les vastes similitudes génomiques entre ces animaux semblent indiquer que les chiens des Highlands sont la population sauvage et originelle des chiens chanteurs de Nouvelle-Guinée.

Par conséquent, malgré leurs noms différents, ces animaux appartiennent, en substance, à la même race. Autrement dit, la population originale de chiens chanteurs de Nouvelle-Guinée ne s’est pas éteinte à l’état sauvage. Elle prospère simplement recluse dans les montagnes indonésiennes, à l’abri des Hommes.

Cette étude est importante sur le plan de la conservation. Les chiens des Highlands contiennent en effet des séquences génomiques qui ont été perdues chez les chiens captifs de Nouvelle-Guinée. Autrement dit, le fait de mêler ces animaux dans des centres de conservation pourrait aider à générer une population plus saine de ces chiens chanteurs.