Seules quelques espèces animales sont capables de reconnaître leur propre reflet dans un miroir. À cette courte liste viennent s’ajouter les chevaux. Les détails de ces travaux sont publiés dans la revue Animal Cognition.
Le test du miroir
En éthologie cognitive, le test du miroir permet d’évaluer la reconnaissance de son corps. Au départ, les animaux ont tendance à réagir socialement, agissant comme si ce reflet était un autre animal. Après un certain temps, cette réponse a tendance à s’atténuer. La plupart passent ensuite à autre chose, mais certains réagissent différemment et continuent à montrer de l’intérêt pour ce reflet. Comprennent-ils qu’il s’agit de la projection de leur propre corps ?
Pour le déterminer, les scientifiques leur font passer le test du miroir développé par l’Américain Gordon G. Gallup. Le principe est simple : l’animal est marqué à un endroit qu’il ne pourra voir que dans le miroir (généralement sur le front ou les oreilles). Puis, les chercheurs observent si le sujet passe plus de temps à tenter de toucher cette partie du corps devant le miroir lorsqu’elle est marquée que lorsqu’elle ne l’est pas. Si c’est le cas, cela suggère que l’animal reconnaît son reflet.
Ce test a été utilisé et réussi pour la première fois dans les années 70 avec les chimpanzés. Depuis, d’autres espèces se sont illustrées. Outre les humains (+ de 18 mois), citons les orangs-outans, bonobos, chimpanzés, mais aussi les orques, les Grands Dauphins, les fausses orques, les éléphants d’Asie et les porcs. Chez les oiseaux, deux espèces ont réussi ce test : les perroquets gris du Gabon et les pies bavardes. Enfin chez les poissons se distinguent le labre nettoyeur commun et la Raie manta.
Comme vous pouvez le constater, la liste est assez courte… mais elle vient de se rallonger.
Les chevaux reconnaissent leur propre corps
Des chercheurs italiens ont en effet trouvé des preuves de la reconnaissance de soi chez les chevaux.
Dans le cadre de ces travaux, plusieurs chevaux ont été placés devant un grand miroir dans une arène de dressage, le temps de s’habituer à lui. Une fois que les chevaux ont cessé de répondre socialement à ce miroir, les chercheurs ont dessiné une marque en forme de croix sur leurs deux joues à l’aide d’un gel à ultrasons incolore. Dans une seconde expérience, les chevaux ont été marqués de la même manière, mais avec un gel à ultrasons coloré.
Les chercheurs ont ensuite observé et analysé le comportement des sujets. Le but était alors de savoir si ces derniers seraient plus intéressés par les marques visibles que par les marques invisibles. Ce fut le cas. Les chevaux ont en effet passé environ cinq fois plus de temps à tenter de se gratter le visage devant le miroir lorsqu’ils étaient visiblement marqués.
D’après les auteurs, ces chevaux ont donc pris conscience de la présence de ces marques dans le miroir et ont ensuite compris que ces marques étaient présentes sur leur propre visage. Bien que nous devions être prudents avant de généraliser ces capacités à partir d’une seule étude, cela suggère que la reconnaissance de soi (ici le fait de penser de manière objective à son propre corps) pourrait donc exister chez les chevaux en tant qu’espèce.
Enfin petit rappel, à l’instar des chiens ou des moutons, les chevaux sont aussi capables de lire nos expressions faciales, mais aussi s’en souvenir. Autrement dit, regarder un cheval d’un oeil grincheux semble être le meilleur moyen de vous le mettre à dos.