Des chercheurs vont explorer l’un des « trous bleus » les plus profonds de la Terre

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Crédits : NOAA

Des scientifiques se lanceront bientôt dans l’exploration du Green Banana. S’enfonçant à plus de 130 mètres sous la surface de l’océan, c’est l’un des « trous bleus » les plus profonds de la Terre.

Des structures étonnantes

Disséminés dans l’océan, les « trous bleus » n’engloutissent pas toute forme de matière venue s’aventurer d’un peu trop près, comme leurs cousins les trous noirs avec lesquels ils n’ont rien à voir. Mais ils n’en restent pas moins intrigants et tout aussi intéressants à étudier.

Ces gouffres marins constellent les eaux de la mer de Chine, des Caraïbes et de l’océan Atlantique. Certains sont très connus, comme celui de la Grande barrière de corail, ou celui du Belize. Formés au cours des périodes glaciaires passées, alors que le niveau de la mer était de plusieurs dizaines de mètres plus bas, ils se sont ensuite peu à peu remplis d’eau, formant finalement les étonnantes structures que nous observons aujourd’hui.

Ces environnements particuliers abritent de nombreuses formes de vie, notamment « des coraux, des éponges, des mollusques, des tortues de mer, des requins et bien d’autres, explique la NOAA (Office of Ocean Exploration and Research). La chimie de l’eau de mer dans ces trous est également unique et semble interagir avec la nappe phréatique et possiblement les aquifères. Ce lien participe à notre connaissance du cycle carbone entre les eaux souterraines et la surface ».

Malgré tout, nos connaissances en matière de « trous bleus » ne vont pas beaucoup plus loin. Et pour cause, leurs points d’entrée sont bien souvent trop étroits – avant de s’élargir – ce qui rend impossible l’entrée d’un submersible automatisé. En outre, la plupart sont également invisibles depuis la surface. Néanmoins, certains restent accessibles.

Plongée au large de la Floride

L’un d’eux, le Green Banana, doit d’ailleurs être prochainement exploré dans le cadre d’une expédition de trois ans.

Ce gouffre marin, qui s’ouvre à environ 43 mètres sous la surface, s’enfonce ensuite à plus de 130 mètres. C’est l’un des plus profonds de la Terre. Vous le retrouverez à environ 80 km au large de St. Petersburg, une ville située sur la côte du golfe de la Floride, aux États-Unis.

La plongée doit avoir lieu le mois prochain. Au cours de leur expédition, les biologistes de l’Université Florida Atlantic, du Georgia Institute of Technology, du Mote Marine Laboratory et de la US Geological Society effectueront plusieurs prélèvements dans le but de recenser les différentes formes de vie évoluant dans cet environnement.

Il s’agira également de comprendre si cet écosystème se connecte à d’autres puits du même genre, où s’il intègre le système d’eaux souterraines de Floride.

Au cours de cette expédition, les plongeurs seront accompagnés d’un robot spécialement conçu pour supporter les pressions intenses ressenties à de telles profondeurs. Cette machine, qui prend la forme d’un treillis de métal, sera dotée de plusieurs instruments destinés à l’observation et à l’analyse de la biodiversité marine.

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Le Blue Hole de la mer Rouge s’enfonce à environ 100 mètres de profondeur. Crédits : S. Ellermann

Notez qu’en mai et en septembre 2019, une équipe de plongeurs avait déjà exploré le Trou de la Sériole (ou Amberjack en anglais), situé au large de la ville de Sarasota, toujours en Floride.

Au fond de ce puits, les plongeurs avaient notamment retrouvé les corps de deux poissons-scies (le plus grand mesurait 3,7 mètres de long), preuve que des restes organiques tombent parfois au fond de ces structures. En échange, ils avaient également découvert que de nombreux nutriments remontaient à la surface pour nourrir une grande diversité d’organismes.

En outre, ces mêmes chercheurs avaient également enregistré des niveaux élevés de radon et de radium – des marqueurs témoignant de la présence d’eaux souterraines.