Afin d’augmenter les rendements de l’agriculture, des scientifiques soutiennent une technique assez peu connue et encore en phase de recherche : l’électroculture. Selon les scientifiques, cette méthode pourrait sauver une humanité alors qu’elle doit faire face à divers défis tels que la croissance démographique et l’impact écologique de l’agriculture intensive.
Stimuler électriquement les plantes
Au tout début du XXe siècle, les recherches concernant l’électroculture connaissent un certain engouement avant l’arrivée des progrès en électrophysiologie et en agrochimie. Cette technique, qui consiste à stimuler la croissance des plantes en les exposant à des champs électriques, électromagnétiques ou directement à des courants électriques, connait aujourd’hui un regain d’intérêt. De nos jours, la croissance démographique et l’impact écologique de l’agriculture intensive pratiquée depuis des décennies représentent en effet des défis importants pour l’humanité. Or, selon une étude pilotée par l’Université Washington à St Louis (États-Unis) et publiée dans la revue Joule le 23 octobre 2024, l’électroculture pourrait être une solution à ces problèmes.
Auparavant, certaines recherches avaient permis de constater une croissance des végétaux à l’aide de stimulations électriques. Toutefois, une production supplémentaire en éthylène, dont l’intérêt pour la consommation reste faible, avait également été observée. D’autres possibilités liées à d’autres substances comme le méthanol impliquaient la formation de formaldéhyde, également sans grand intérêt et même nocif.
Aujourd’hui, les chercheurs américains misent sur la production d’acétate au moyen d’une réaction chimique qui implique de l’eau et du CO2. Selon les auteurs de l’étude, il est possible d’associer la capacité de l’acétate à être absorbé et métabolisé par des plantes OGM à des cultures dans des fermes hydroponiques intérieures qui fonctionnent avec des panneaux solaires. Cela permettrait alors de multiplier par quatre l’efficacité de la lumière du Soleil, en comparaison avec la photosynthèse naturelle.
Combattre l’insécurité alimentaire avec l’électroculture
Pour les auteurs, une démarche qui fait appel à l’électroculture deviendrait nécessaire dans le cas où l’agriculture peine à nourrir une population mondiale sans cesse en augmentation. Or, la situation actuelle semble assez proche de ces craintes, comme l’indiquait une publication de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en juillet 2024 qui estimait que 2,33 milliards de personnes ont été confrontées à l’insécurité alimentaire en 2023.
Avec l’électroculture dans des espaces intérieurs contrôlés, les chercheurs promettent d’ailleurs une réduction de la surface agricole jusqu’à 88 %, ce qui ferait baisser de manière drastique l’empreinte carbone de la production alimentaire. « Si nous n’avons plus besoin de faire pousser les plantes à la lumière du soleil, nous pouvons découpler l’agriculture de l’environnement et faire pousser les aliments dans des environnements intérieurs contrôlés », affirme Robert Jinkerson, l’un des auteurs de ces recherches. « Je pense que nous devons faire passer l’agriculture dans une nouvelle ère technologique, et la production contrôlée et indépendante de la nature doit être la prochaine étape. »
Cette potentielle prochaine étape a d’ores et déjà été validée par des tests couronnés de succès pour la culture de colza, de laitue, de poivron, de riz et de tomate. Malgré l’optimisme des chercheurs, il reste tout de même assez difficile d’imaginer une humanité se passant totalement du principe de photosynthèse dans l’agriculture. Néanmoins, cette initiative pourrait devenir une réelle alternative si les humains sont un jour contraints de vivre sous terre, par exemple en cas d’hiver nucléaire ou de températures insupportables en surface.