Un monde caché sous la glace pendant 120 000 ans va bientôt être exploré

Crédits : Harley D. Nygren / NOAA

Une équipe de chercheurs mandatée par le British Antarctic Survey (BAS) se rend en Antarctique cette semaine. Leur mission va être d’enquêter sur un écosystème marin mystérieux, caché sous une banquise antarctique depuis 120 000 ans.

Il existe en Antarctique un royaume isolé, coupé de la lumière pendant si longtemps que l’on ne sait pas ce qui pourrait survivre dans ses eaux sombres et glacées. Une équipe de chercheurs part cette semaine en expédition pour tenter de le découvrir. Ces travaux ont été rendus possibles suite au détachement il y a quelques mois d’un iceberg gigantesque, gros comme quatre fois la ville de Londres. Les scientifiques se rendront sur place par bateau pour prélever des échantillons du fond marin nouvellement exposé, qui couvre une superficie d’environ 5 818 km2. Et il y a urgence. L’écosystème, isolé pendant plus de 120 000 ans, peut en effet rapidement évoluer au contact de la lumière du soleil.

L’équipe internationale, composée de spécialistes issus de neuf instituts de recherche quittera Stanley – la capitale des îles Malouines – le 21 février prochain. Entre février et mars 2018, elle passera ensuite trois semaines à bord du navire scientifique RRS James Clark Ross. Une surveillance par satellite sera par ailleurs essentielle pour que le navire puisse évoluer dans les eaux infestées de glace afin d’atteindre cet endroit éloigné. Le vêlage de l’A-68 – le gigantesque iceberg détaché en juillet dernier – offre ici aux chercheurs une occasion unique d’étudier la vie marine en réponse à un changement environnemental dramatique : « Il est important que nous y arrivions rapidement avant que l’environnement sous-marin ne change », note la biologiste marine Katrin Linse. « Lorsque la lumière pénètre dans l’eau, de nouvelles espèces commencent à coloniser les lieux. Nous avons mis en place une équipe avec un large éventail de compétences scientifiques afin que nous puissions recueillir le plus d’informations possible en peu de temps ».

L’équipe étudiera donc la zone située sous la banquise en recueillant des animaux marins, des microbes, du plancton, des sédiments et des échantillons d’eau. Ils enregistreront également la présence de mammifères marins et d’oiseaux qui pourraient s’être installés dans la région. Cette zone marine nouvellement exposée est par ailleurs la première à bénéficier d’un accord international conclu en 2016 par la Commission pour la conservation de la faune et la flore marines de l’Antarctique (CCAMLR). Cet accord permettra aux chercheurs du monde entier d’étudier les zones marines nouvellement exposées à la suite de l’effondrement – ou du retrait – des plates-formes de glace dans la région de la péninsule antarctique.

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