Pourquoi les éléphants développent-ils rarement des cancers ? Des chercheurs américains semblent avoir percé le mystère de l’immunité des pachydermes face à cette maladie.
La taille et la longévité des éléphants devraient favoriser le développement des cellules cancérigènes. Or ce n’est pas le cas. Seulement 5 % des éléphants meurent de cancers et des chercheurs américains semblent avoir trouvé le secret de cette immunité. Leurs études montrent que les pachydermes seraient dotés de vingt copies du gène TP53, alors que l’homme n’en a que deux. Ce gène joue un rôle important dans la prolifération cellulaire à l’état normal. Il permet notamment de produire la protéine P53 qui contrôle la réponse cellulaire aux dommages causés à l’ADN.
« Si on détruit les cellules dont l’ADN est endommagé, on empêche qu’elles ne deviennent cancéreuses, ce qui est beaucoup plus efficace comme prévention du cancer que de tenter d’arrêter la réplication de cellules mutantes incapables de s’autoréparer », explique le Dr Joshua Schiffman, l’un des scientifiques. Il relève que les personnes atteintes du syndrome héréditaire de Li-Fraumeni se trouvent dans une situation opposée à celle des éléphants puisque celles-ci n’ont qu’une seule copie active du gène codant la protéine p53 et de ce fait ont plus de 90 % de risque de développer un cancer au cours de leur vie.
« La nature a déjà découvert les moyens de prévenir le cancer et il nous revient d’apprendre comment ces différents animaux se confrontent à ce problème de manière à ce que nous puissions adapter ces mécanismes pour prévenir le cancer chez les humains », continue le Dr Schiffman. Les chercheurs espèrent utiliser les résultats de cette étude pour développer de nouveaux traitements anticancéreux. « Si les éléphants détiennent des clés permettant de percer certains mystères du cancer, cela devrait aider à mobiliser davantage le public dans la lutte pour sauver les éléphants africains, menacés d’extinction par le braconnage pour l’ivoire », conclut Eric Peteson, le responsable des éléphants au zoo Hogle d’Utah qui a participé à cette étude.
Source : Science Daily Le Point