Injecter du sperme dans une cellule qui n’est pas un ovule, et parvenir par ce biais Ć faire naĆ®tre des souris, telle est la prouesse rĆ©alisĆ©e pour la toute premiĆØre fois par des chercheurs, ouvrant ainsi la porte Ć l’Ć©laboration de nouvelles mĆ©thodesĀ en matiĆØre de procrĆ©ation mĆ©dicalement assistĆ©e.
« On pensait que seul un ovocyte Ć©tait capable d’activer le sperme pour rendre possible le dĆ©veloppement de l’embryon. C’est la premiĆØre fois que l’on obtient un dĆ©veloppement menĆ© Ć terme en injectant du sperme dans des embryons« , a dĆ©clarĆ© le Dr Perry Ć l’AFP, principal auteur de l’article, publiĆ© dans la revue Nature. Ici, c’est une forme artificielle et particuliĆØre d’embryon qui est utilisĆ©e, formeĀ obtenue en stimulant chimiquement un ovule afin d’entamerĀ le processus de division cellulaire sans intervention de spermatozoĆÆdes.
Dans ces cellules particuliĆØres appelĆ©esĀ parthĆ©notes, le sperme injectĆ© par les chercheurs a permis de faire naĆ®tre des souris dans 24% des cas. Une fois devenues adultes, ces souris Ć©taient bienĀ fertiles et ont eu une espĆ©rance de vie normale, comme l’a soulignĆ© le Dr Perry au cours d’une confĆ©rence de presse Ć Londres. Pour de nombreux experts, cette prouesse permet non seulementĀ une meilleure comprĆ©hension des mĆ©canismes de la reproduction chez les mammifĆØres, mais ouvre Ć©galement la porte Ć Ā des perspectives d’application pour la procrĆ©ation mĆ©dicalement assistĆ©e.
« C’est un tour de force technique« , a jugĆ© Robin Lovell-Badge, biologiste britannique au Francis Crick Institute, Ć Londres. « Je suis sĆ»r que cela nous apprendra des choses importantes sur la reprogrammation (cellulaire) lors des premiers stades du dĆ©veloppement« , mĆŖme si l’article « ne dit pas encore comment« , a-t-il ajoutĆ©. Selon cette Ć©tude,Ā l’activation du gĆ©nome paternel contenu dans le sperme, opĆ©ration qui dĆ©clenche la formation de l’embryon, « peut se faire Ć un stade plus tardif qu’anticipĆ© au dĆ©part, pas seulement dans l’ovocyte« , a observĆ© Marie-HĆ©lĆØne Verlhac, chercheuse en biologie cellulaire au CNRS.
« Mais les souris ne sont pas des humains (…). MĆŖme si c’est possible en thĆ©orie, il faudra de nombreuses annĆ©es pour comprendre les risques pour l’ADN et la santĆ© des humains« , a averti Simon Fishel, directeur gĆ©nĆ©ral de la clinique privĆ©e britannique Care Fertility, qui s’interroge Ć©galement sur les questions Ć©thiques que cela soulĆØve.