Des chercheurs ont réussi à « deviner » les montagnes de Vénus à travers son atmosphère

Crédits : ESA

Pour la première fois, des chercheurs ont réussi à « deviner » les montagnes de Vénus à travers son atmosphère. Grâce aux images prises dans l’ultraviolet par la sonde Venus Express, ces derniers ont été surpris de voir que les nuages apparaissaient plus brillants au-dessus de l’un des plus grands massifs montagneux de la planète. Ils ont également constaté que les vents y étaient moins forts, entraînant une plus grande brillance des nuages.

La planète Vénus est célèbre pour sa luminosité dans le ciel, certes, mais elle est également connue pour son épaisse atmosphère riche en dioxyde de carbone, et son épaisse couche nuageuse qui s’étend jusqu’à 70 km au-dessus de la surface. Vue de l’extérieur, cette couverture nuageuse apparaît homogène, sans contours, mais en regardant cet écran dans l’ultraviolet, des détails apparaissent alors. La vitesse de rotation des nuages, notamment. Il est aujourd’hui établi que ces nuages se déplacent vite, très vite, de l’ordre de 360 km/h. Une  » super-rotation  » compte tenu du fait que Vénus n’accompagne pas ses nuages à la même vitesse, puisqu’elle tourne beaucoup plus lentement, en 243 jours.

D’autre part, les sondes spatiales dépêchées sur place et autres observations des radars qui permettent de percer les nuages ont établi des cartes détaillées de la surface de Vénus, où l’on trouve des montagnes, sans doute d’origine volcanique, mais aussi des vallées, ou des cratères.

C’est donc partant de ce contexte qu’une équipe germano-franco-russe s’est récemment penchée sur les huit années de données collectées dans l’ultraviolet avec la caméra VMC de la mission européenne Venus Express. Il est ressorti que les parties les moins sombres, en UV, du sommet des nuages vers 70 km d’altitude, peuvent être liées aux reliefs de la planète, en l’occurrence à ceux d’Aphrodite Terra, une des plus hautes terres de Vénus. En outre, ils ont observé un ralentissement important des vents au niveau du massif montagneux : 82 m/s au lieu de 100 m/s en moyenne.

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Crédits : CNRS

« C’est un peu comme si les nuages au-dessus de l’Himalaya étaient plus brillants qu’ailleurs, et qu’ils se déplaçaient moins vite » illustre Jean-Loup Bertaux, l’auteur principal de cette étude. Un phénomène, toujours selon Jean-Loup Bertaux, qui serait généré par des ondes de gravité. Des vagues d’air se propageant à la verticale après s’être heurtées aux excroissances du sol. « Lorsqu’elles arrivent un peu en dessous du sommet des nuages, leur mouvement vertical s‘arrête et elles déferlent brutalement, comme les vagues de la mer au bord du rivage. » Le ralentissement observé se produit un peu plus en aval des reliefs.

Ensuite, le vent ré-accélère, provoquant ainsi au sommet des nuages un étirement de la masse d’air horizontale, et créant un vide aspirant l’air en dessous. Ces nuages plus sombres dans l’ultraviolet sont vraisemblablement chargés d’un composé non identifié qui absorbe ce rayonnement. Dans un communiqué du CNRS, le chercheur précise : « on soupçonnait déjà que la source de l’absorbant UV de Vénus venait d’en dessous : en voilà une nouvelle preuve éclatante, si l’on peut dire, quand il s’agit de nuages sombres ! ».

Sources : CNRS / Futura-sciences