Des chercheurs ont identifié ce mystérieux son métallique provenant de la fosse des Mariannes

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Nous n’avions jamais entendu quelque chose comme ça, mais après des mois de spéculation, des scientifiques ont finalement identifié la source la plus probable de ces enregistrements métalliques provenant de la fosse des Mariannes, la partie la plus profonde de l’océan. Selon une nouvelle étude, l’un des enregistrements de 3,5 secondes serait l’œuvre d’une petite baleine à fanon.

Au large de l’île de Guam se trouve le canyon le plus vertigineux de la planète : la fosse des Mariannes qui peut atteindre les 11 kilomètres de profondeur par endroits. Dans cette zone, la pression est environ 1100 fois supérieure à celle de l’atmosphère : chaque centimètre de surface équivaut à 1122 kilos. La lumière y est absente, les températures glaciales et rien, ou presque, ne peut survivre à de telles conditions. Pourtant, un hydrophone plongé il y a quelques mois à quelque 10 900 mètres de profondeur révélait des sons étranges et métalliques.

Cet enregistrement envoûtant couvre des fréquences aussi basses que 38 hertz et aussi élevées que 8000 hertz (les êtres humains peuvent entendre des sons entre 20 et 20 000 Hz), mais les chercheurs étaient bien incapables de lui trouver une origine humaine ou géologique. Les sons présentés ici ne sont pas similaires à des sources anthropiques connues telles que le bruit produit par les navires ou une quelconque activité sismique. L’origine de cet enregistrement est donc biologique, mais bien que ces sons soient tout à fait uniques dans le dossier scientifique, ils sembleraient néanmoins être attribués à un petit rorqual (également appelé baleine de Minke) qui appartient à la plus grande classe de baleines à fanons.

La fosse des Mariannes agit en effet comme une sorte de gigantesque caisse de résonance pour les sons de surface comme ceux du sous-sol : on peut y entendre le bruit distant des hélices des bateaux ou encore la pulsation continue de la Terre elle-même, dans une zone à forte activité sismique. Néanmoins, les données acoustiques recueillies rappellent ici les appels spécifiques à la région qui sont produits par un groupe de petits rorquals nains au large de la côte nord-est de l’Australie.

Credit: S. L. Nieukirk et al.
Credit: S. L. Nieukirk et al.

« Nous ne savons pas grand chose au sujet de la distribution de ce petit rorqual à des latitudes aussi basses », a déclaré l’un des chercheurs. « L’espèce est la plus petite des baleines à fanons, ne passe pas beaucoup de temps à la surface, reste donc très discrète et vit souvent dans des zones difficiles d’accès. Mais elles communiquent fréquemment, ce qui en fait d’excellentes candidates pour les études acoustiques ».

L’appel doit cependant encore être traduit. Ces baleines utilisent en effet normalement ce genre de vocalises bien spécifiques pour la reproduction et l’alimentation de saison, mais ces appels, enregistrés de l’automne 2014 au printemps 2015, semblent se produire tout au long de l’année et pourraient bien avoir une fonction plus complexe.

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