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Ces chercheurs ont fusionné du riz et du muscle de bœuf

En Corée du Sud, des scientifiques ont récemment mis au point un riz cultivé en laboratoire pour servir de support à des cellules de muscle et de graisse de bœuf. Pour les scientifiques, ce « riz-bœuf » pourrait représenter une solution face aux futurs défis de l’humanité en termes de sécurité alimentaire.

Un riz-boeuf au profil nutritionnel intéressant

Selon l’ONU, la faim dans le monde touchait 828 millions de personnes en 2021, soit une hausse d’environ 46 millions par rapport à 2020. Des scientifiques des quatre coins du monde tentent donc de trouver des solutions à cette insécurité alimentaire en lien avec différents phénomènes tels que la crise climatique et l’agrandissement des villes. Certaines sont d’ailleurs déjà appliquées, comme les fermes urbaines verticales, l’alimentation à base d’algues ou d’insectes ou encore la nourriture imprimée en 3D ou cultivée en laboratoire.

Des chercheurs sud-coréens semblent avoir effectué une percée aussi intéressante que surprenante, décrite par le journaliste Jude Coleman dans la revue Nature le 14 février 2024. Il est ici question d’un riz de laboratoire cultivé pour accueillir des cellules de muscle et de graisse de bœuf. Ce « riz-boeuf » est donc le résultat du développement de ces cellules hybrides en immersion dans un milieu favorable.

Gustativement parlant, l’aliment dont il est ici question est plus ferme et son goût plus noisette, selon les testeurs. Cependant, l’intérêt de cette innovation ne réside pas dans son goût, mais bel et bien dans son profil nutritionnel. Rappelons que cette céréale est déjà intéressante de base pour sa teneur en protéines végétales, minéraux et oligo-éléments et la faible présence de lipides. Or, le « riz-boeuf » concentre aussi ces qualités, mais contient en plus des graisses et des protéines animales.

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Crédits : Eivaisla / iStock

Bilan carbone et prix plus avantageux

La principale difficulté de ces recherches était de faire adhérer les cellules animales au grain de riz. Afin d’y parvenir, les chercheurs ont élaboré un enrobage qui intègre de la gélatine de poisson et de la transglutaminase microbienne, un additif généralement utilisé dans l’industrie agroalimentaire pour augmenter la durée de vie des aliments. Ainsi, les cellules de muscles et de graisse de bœuf ont été en mesure de se fixer plus efficacement à la céréale et ainsi se développer correctement. Selon les auteurs de l’étude, le « riz-boeuf » nécessite une semaine de croissance.

Le nouveau riz des chercheurs sud-coréens pourrait intégrer la liste des solutions possibles pour assurer la sécurité alimentaire mondiale. Cela peut en effet passer par la découverte de sources alternatives de protéines ou une meilleure efficacité de la production animale conventionnelle. Il faut savoir que le « riz-boeuf » contient 7 % de graisse et 9 % de protéines en plus par rapport à un riz classique. De plus, le prix au kilogramme est plus avantageux que celui de la viande de bœuf, malgré un prix plus élevé comparé à celui du riz classique. Dans l’éventualité où le « riz-boeuf » fasse l’objet d’une production de masse, il pourrait représenter une alternative viable sur les plans économique et nutritionnel dans des zones touchées par la faim et la malnutrition.

Enfin, évoquons un autre aspect positif de ce nouvel aliment : son empreinte écologique. Selon l’INRAE, produire un kilogramme de viande de bœuf libère 27 kg de gaz à effet de serre. Au total, la production de viande de bœuf représente près de 15 % des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale. Or, le « riz-boeuf » affiche quant à lui un bilan carbone moindre face à cette viande.

Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.