Les chauves-souris ont un point commun avec les chanteurs de death metal

chauves-souris
Crédit : Angeleses

Des scientifiques ont découvert que les chauves-souris communiquent parfois entre elles avec des « grognements » à des fréquences basses similaires à ceux libérés par les chanteurs de death metal. Pour ce faire, ces mammifères sollicitent des structures épaisses dans leur larynx appelées plis ventriculaires. Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Plos Biology.

L’évolution du vol motorisé, de l’écholocation et du bourdonnement rapide qui en résulte permet aux chauves-souris de chasser et de capturer des insectes volants la nuit. Pour détecter ces petites proies, les signaux de leur biosonar doivent contenir des fréquences élevées pour fournir une réflexion acoustique efficace, ainsi qu’une bande passante élevée pour fournir une précision de localisation. Naturellement, de nombreux animaux produisent des sons pour communiquer entre eux. Cependant, les chauves-souris font figure d’exceptions en matière de production sonore.

Ces mammifères ailés peuvent en effet produire une gamme de fréquences qui dépasse de loin celle des autres vertébrés, humains compris. Les chercheurs ne connaissent pas encore la signification de tous ces sons, d’où l’intérêt de ces nouveaux travaux dirigés par Lasse Jakobsen, de l’Université du Danemark du Sud.

Pour cette étude, les chercheurs ont filmé in vitro avec une vidéo ultrarapide (jusqu’à 250 000 images par seconde) les membranes vocales des larynx de chauve-souris de l’espèce Myotis daubentonii. Ils ont également utilisé des réseaux d’apprentissage en profondeur pour extraire leur mouvement. De cette manière, ils ont pu obtenir les premières observations directes de leurs membranes vocales.

chauves-souris virus death metal
Crédits : 13848407/Pixabay

Des sons de métalleux

En analysant ces données, les chercheurs ont alors remarqué que les plis ventriculaires vibraient à des fréquences basses allant de un à cinq kilohertz.

La production de sons à partir des plis ventriculaires, qui se trouvent juste au-dessus des cordes vocales, est rare dans le règne animal. Ces plis sont également appelés « fausses cordes vocales » parce qu’elles ressemblent à des cordes vocales, mais ne sont pas utilisées dans la parole et le chant humains normaux. En réalité, elles ne sont utilisées que par les chanteurs de death metal et les chanteurs de gorge du peuple Tuva en Sibérie et en Mongolie. Les oscillations deviennent alors très irrégulières et très rugueuses.

Quand les appels plus traditionnels sont très directionnels et ne parcourent que quelques mètres, ces sons à très basses fréquences permettent quant à eux aux chauves-souris de communiquer entre elles sur de grandes distances. « Si vous écoutez une colonie de chauves-souris en été, vous pouvez entendre ces appels très clairement« , explique le professeur Coen Elemans, qui a dirigé la recherche.

Ces « grognements » sont souvent produits lorsque les chauves-souris entrent ou sortent d’un perchoir densément peuplé. Les chercheurs ne savent pas avec certitude qu’elle est l’utilité de ces sons, mais ils semblent témoigner d’une certaine agressivité ou d’un sentiment d’agacement. Cependant, les chercheurs en conviennent, ce n’est pour l’heure que de la spéculation.