Les chats peuvent-ils vraiment comprendre certains mots aussi bien, voire mieux, que des enfants en bas âge ? Une récente étude japonaise a découvert que nos compagnons félins sont capables de former des associations entre des images et des mots environ quatre fois plus vite que des bébés humains. Cette observation surprenante pose des questions fascinantes sur la façon dont les animaux comprennent le monde qui les entoure et en particulier sur le potentiel linguistique insoupçonné des chats.
Quand les animaux décryptent le langage
Les humains ne sont pas les seuls à pouvoir comprendre le langage. Certaines espèces animales ont en effet déjà démontré des capacités remarquables dans ce domaine. Les singes peuvent par exemple associer des mots à des symboles ou à des images, tandis que les perroquets gris d’Afrique sont capables de comprendre et de répondre à des instructions orales. Les chiens ont quant à eux été entraînés à reconnaître et à réagir à un vocabulaire simple, comme leur nom ou certains ordres de base.
Mais qu’en est-il des chats ? Les études sur la compréhension du langage chez ces animaux sont limitées et les chercheurs n’ont commencé que récemment à explorer ce domaine. Il est déjà prouvé que les chats sont sensibles au son des mots, comme leur nom ou celui de leurs proches humains, et qu’ils peuvent même reconnaître les intonations humaines. Cependant, l’idée qu’ils puissent associer des mots à des images de façon similaire aux jeunes enfants est une hypothèse qui n’avait jamais été testée jusqu’à aujourd’hui.
Une expérience ludique aux résultats surprenants
Pour explorer les capacités d’association des chats, le chercheur Saho Takagi et son équipe de l’Université Azabu au Japon ont mis au point une expérience inspirée de celles utilisées pour étudier la compréhension du langage chez les bébés. Ils ont présenté à trente et un chats adultes deux courtes séquences animées de neuf secondes où chaque image était associée à un mot inventé. Un soleil rouge était par exemple accompagné du mot « paramo », tandis qu’une licorne bleue était associée au mot « keraru ».
Les séquences ont été répétées jusqu’à ce que les chats semblent s’en désintéresser, ce qui est le signe qu’ils avaient mémorisé les associations. Puis, les chercheurs ont interverti les mots associés aux images : cette fois, « paramo » désignait la licorne et « keraru » le soleil. Ce changement a visiblement perturbé les chats, qui ont prêté davantage d’attention à l’écran, indiquant qu’ils avaient noté l’incohérence. Certains félins ont même dilaté leurs pupilles, ce qui est signe de concentration et de curiosité.
Cette réaction est une preuve que les chats ont établi un lien entre les mots et les images initiales, et qu’ils ont été troublés par le changement. L’expérience a d’ailleurs montré que les chats parviennent à former ces associations en seulement deux expositions de neuf secondes, soit bien plus vite que les enfants en bas âge qui ont besoin d’environ quatre essais de vingt secondes.
Cependant, les chercheurs soulignent que comparer des chats adultes à de jeunes enfants est complexe : les capacités cognitives d’un enfant en bas âge sont encore en développement et interpréter les réactions d’une autre espèce reste un exercice délicat. « Les humains sont programmés pour comprendre les comportements de leur propre espèce, mais interpréter ceux d’un animal domestique requiert des nuances », explique le Dr Carlo Siracusa, comportementaliste vétérinaire.
Ce que cela signifie pour nous et nos chats
Ces découvertes ouvrent la voie à des réflexions intéressantes sur la manière dont nous interagissons avec nos animaux de compagnie et sur la façon dont ils perçoivent nos tentatives de communication. Cette étude montre que les chats ne sont pas simplement réceptifs à des signaux auditifs et visuels, mais qu’ils sont également capables de les associer et de percevoir des incohérences. Cependant, il reste encore beaucoup de questions à explorer.
soulève par exemple la question de savoir si cette capacité est innée chez les chats ou si elle est le fruit de la domestication et de leur interaction avec les humains. De plus, bien que les chats puissent établir des associations, cela ne signifie pas nécessairement qu’ils comprennent les mots comme nous le faisons. Les chercheurs doivent encore déterminer jusqu’à quel point cette capacité se rapproche de celle de la compréhension humaine.
Ainsi, bien que les chats ne se mettront probablement jamais à « parler » ou à obéir aux ordres comme les chiens, cette recherche nous montre qu’ils sont bien plus attentifs aux interactions humaines que nous ne le pensions.