Amour chat et chien, amitié inter espèces
Crédits :Liliya Kulianionak/iStock

Le chat porte le deuil des autres animaux du foyer (oui, même du chien)

Le chat a la réputation d’être un animal particulièrement indépendant et peu sociable, voire insensible au point que certains propriétaires se demandent si le leur est un psychopathe. Et si la vie au côté de ces animaux domestiques peut faire mentir les on-dit, révélant au passage les personnalités pleines de tendresse et un poil pot de colle de certains félins, rien ne remet plus en question les rumeurs concernant leur côté solitaire que la nouvelle étude parue dans la revue Applied Animal Behaviour Science qui revient sur les signes de deuil chez des chats. Ces recherches montrent que la perte d’un autre chat ou d’un chien au foyer peut se révéler être une véritable ‘cat-astrophe’ pour ces animaux de compagnie.

Des signes de deuil chez le chat

Si les chercheurs ont décidé de lancer ces recherches, c’est avant tout parce que « de nombreuses recherches ont examiné le deuil des soignants [la manière dont l’étude désigne les propriétaires des animaux, NDLR] après la mort d’un animal de compagnie, mais peu ont examiné la façon dont les autres animaux domestiques réagissent à ces décès ». Pour combler ces lacunes en étudiant les réactions chez les félins à la mort d’une autre compagnon à quatre pattes, des chercheurs de l’Université d’Oakland (États-Unis) ont interrogé les 412 maîtres de 452 chats qui avaient récemment perdu un autre animal au sein du foyer. Dans les deux tiers des cas environ, l’autre animal était aussi un chat, mais le reste était des chiens.

Or, ces recherches montrent clairement qu’au même titre que les humains, les chats étudiés ont ressenti le besoin de faire leur deuil. Cette perte s’accompagnait chez eux d’une diminution du sommeil et de l’appétit ou encore des miaulements forts, proches des hurlements. Les chats pouvaient aussi chercher leurs congénères disparus, préférer rester seuls et afficher de fortes perturbations de leurs comportements de jeu habituels avec une nette perte d’intérêt pour ces activités dans certains cas. Lorsque les animaux s’étaient côtoyés longtemps avant le décès, ces signes étaient encore plus marqués. Les propriétaires ont aussi parfois remarqué « une augmentation de la recherche d’attention », tant auprès d’eux qu’auprès des autres animaux du domicile.

« Contrairement aux chiens, nous avons tendance à penser que les chats sont distants et peu sociables, mais dans la nature, ils ont tendance à se réunir en groupe et à former des hiérarchies. Je pense que nous les avons toujours mal compris », estime ainsi la professeure Jennifer Vonk, l’une des co-autrices de l’étude.

Une étude sur le deuil qui n’est qu’un début

Dans le règne animal, la question du deuil a été beaucoup étudiée chez les chimpanzés, les gorilles, les éléphants ou encore les cétacés. Et si cette étude n’est pas la première à étudier l’impact du décès chez les animaux survivants, elle est en revanche pionnière dans la mise en évidence des effets du deuil chez les félins. « On s’attendait à ce que les chiens, descendant d’animaux vivant en meute, réagissent de façon plus marquée à la mort de l’un de leurs congénères », décrit l’étude qui apporte finalement des preuves que les chats endeuillés ressentent aussi de vives émotions et que leurs réactions ne sont finalement pas différentes de celles des canidés, souvent vus comme plus sociaux. « Cette étude montre [que les chats] peuvent former des liens profonds avec leurs compagnons, qu’ils soient chats ou chiens », affirme Jennifer Vonk.

Amour chat et chien, amitié inter espèces
Crédits :Gulnara Mandrykina/iStock

Des limites et des questions soulevées par ces recherches

Ces recherches admettent toutefois certaines limites liées principalement aux soignants des animaux et à la manière dont leurs émotions pouvaient influencer leur perception, et donc leurs réponses concernant le deuil. En effet, lorsqu’ils étaient particulièrement proches de l’animal disparu, ils semblaient plus enclins à percevoir plus fortement des signes d’affliction chez leurs chats ou un besoin d’attention accru. La même chose pouvait s’observer pour les rapports concernant les augmentations de sommeil et l’idée selon laquelle le chat survivant préfère rester seul ou se cacher.

A contrario, lorsque la relation avec l’animal décédé n’était pas aussi forte, les propriétaires percevaient moins les signes de chagrin chez l’animal survivant. Ces résultats pourraient ainsi « refléter l’anthropomorphisme dans la projection du chagrin » sur les animaux toujours en vie. Ces travaux appellent donc à plus de recherches pour confirmer les résultats.

Ce qui est sûr, c’est que cette étude souligne la mauvaise compréhension que l’on peut avoir des chats, surtout pour ce qui relève de leur complexité émotionnelle. Pourtant, la reconsidération de ces questions est essentielle pour assurer le bien-être de ces animaux, surtout pendant des périodes de grand bouleversement (deuil, déménagement, naissance, etc.). « Alors que les chiens, descendants d’animaux de meute, pourraient raisonnablement réagir plus fortement à la mort d’un congénère, les chats sous la garde des humains se sont adaptés à la vie parmi leurs congénères et leur capacité à réagir à la perte d’un compagnon mérite d’être étudiée plus en profondeur », conclut l’étude.

Retrouvez l’étude complète ici.

Julie Durand

Rédigé par Julie Durand

Autrefois enseignante, j'aime toujours autant partager mes connaissances et mes passions avec les autres. Je suis notamment passionnée par la nature et les technologies, mais aussi intriguée par les mystères nichés dans notre Univers. Ce sont donc des thèmes que j'ai plaisir à explorer sur Sciencepost à travers les articles que je rédige, mais aussi ceux que je corrige.