Le charbon, ressource la plus polluante, mais aussi la plus utilisée !

Crédits : Capture vidéo / Youtube / DataGueule

À l’heure où la transition énergétique est au cœur des préoccupations de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), l’énergie la plus utilisée au monde est issue du charbon, une ressource naturelle fossile.

La ressource fossile la plus utilisée

Le charbon est la ressource énergétique fossile la plus polluante avec le pétrole et le gaz, et pourtant, le monde en consomme toujours plus. En effet, 44 % des émissions de GES en 2012 proviennent du charbon, un record jamais égalé auparavant.

Difficile de s’en passer, surtout que les réserves sont encore énormes : 870 millions de tonnes de charbon se trouvent encore sous terre, soit une réserve de 115 ans si l’on prend en compte notre consommation actuelle assurée par les 2300 centrales à charbon disséminées dans le monde. De plus, le charbon est extrêmement bon marché, permettant un accès à l’électricité pour la majeure partie de la population mondiale.

Une consommation en augmentation

La Chine concentre 48 % de la consommation mondiale de charbon. Entre 1980 et 2008, les besoins énergétiques de la Chine ont augmenté, et l’utilisation de charbon a grimpé de 400 %, passant de 626 millions de tonnes par an à près de 2,7 milliards de tonnes permettant au passage l’électrification des régions rurales de Chine.

Aujourd’hui, 82 % de l’électricité chinoise est issue du charbon. La Chine a donc un pouvoir industriel sans équivalent dans le monde. Par exemple, la Chine produit 60 % de la totalité des panneaux photovoltaïques vendus dans le monde, une source de ressource durable produite avec une énergie fossile, un comble !

La démocratisation des outils et autres objets numériques fait que nous avons toujours besoin de plus d’énergie. Ainsi, les centrales à charbon, principalement américaines, alimentaient en 2012 environ 40 % des serveurs de Facebook et plus de 55 % des serveurs du cloud d’Apple.

L’Europe également voit sa consommation augmenter en charbon. Entre 2009 et 2012, la consommation de l’Allemagne s’est accrue de 9 % et celle de l’Angleterre de plus de 30 %. En 2012, 69 permis de construire pour de nouvelles centrales à charbon ont été délivrés sur notre continent, dont 14 en Ukraine, 13 en Pologne ainsi qu’une dizaine en Allemagne.

Il semble qu’en temps de crise, une énergie sale, mais bon marché reste très intéressante d’un point de vue principalement économique, malheureusement. Les États-Unis, seconds consommateurs de charbon au monde, ont tenté avec succès de réduire leurs besoins en charbon en exploitant les gaz de schistes, occasionnant d’autres problèmes environnementaux. Grâce ou à cause de cela, la réserve de charbon inutilisée par les États-Unis est devenue une véritable manne destinée à l’exportation. Sur les trois dernières années, le prix de la tonne de charbon américain a chuté, passant de 130 dollars à environ 80. Ainsi, dans la décennie 2003/2013, les exportations américaines de charbon à destination de l’Europe sont passées de 13 millions de tonnes à 47 millions.

Des conséquences toujours plus préoccupantes

Le charbon pose plus que jamais des questions sociales environnementales. En 2012, les centrales à charbon américaines ont déversé dans le cycle de l’eau près de 36.000 litres d’arsenic, 30.000 litres de plomb et 1300 litres de mercure.

Depuis 1976, près de 2700 collines ont été décapitées, afin de faciliter l’exploitation de charbon dans le massif montagneux des Appalaches. En 2014, ce sont plus de 180.000 hectares de mines à ciel ouvert qui sont exploitées.

Les mines souterraines ont un coût humain, comme en Chine où plus de 1000 personnes meurent chaque année, un chiffre similaire à celui du nombre de morts (1099) constaté lors de la plus grande catastrophe minière d’Europe, ayant eu lieu en 1906 à Courrières dans le nord de la France. En Chine, on a d’ailleurs inventé un ratio exprimant le nombre de morts par… mégatonne de charbon extraite !

La transition énergétique à l’échelle mondiale, visant à atteindre une croissance verte commune n’est pas encore mise en place. D’ailleurs, que dire de sa faisabilité à l’heure où la productivité et la consommation de masse sont prônées bien avant elle ?

Sources : DataGueule