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Changement d’heure : pourquoi vous devrez (encore) subir ce rituel détesté malgré le vote de 2019

Ce 26 octobre au matin, vous vous réveillerez une heure plus tôt sans l’avoir voulu. Six ans après qu’une majorité écrasante de Français a voté pour supprimer le changement d’heure, cette pratique controversée persiste. Entre promesses politiques oubliées et économies d’énergie illusoires, voici pourquoi cette mesure vieille de 50 ans refuse de mourir.

Ce qui va se passer dans la nuit du 25 au 26 octobre

À exactement 3 heures du matin dimanche, les aiguilles reculeront d’une heure. Il sera alors 2 heures. Pour les lève-tard qui traînent au lit jusqu’à 10 heures, la bonne nouvelle est qu’il ne sera en réalité que 9 heures. Une heure de sommeil supplémentaire offerte sur un plateau.

Attention toutefois : si vos smartphones et ordinateurs effectueront automatiquement la mise à jour, vos montres classiques, horloges murales et appareils électroménagers nécessiteront un ajustement manuel. Un oubli fréquent qui provoque son lot de retards et de confusions le dimanche matin.

Une mesure vieille de près de 50 ans

L’origine de ce ballet horaire remonte à 1976, dans un contexte économique tendu. Quelques années après le choc pétrolier qui avait ébranlé l’économie mondiale, la France cherchait désespérément des solutions pour réduire sa consommation énergétique. Le changement d’heure saisonnier semblait alors être une réponse évidente : en décalant les heures d’activité avec la luminosité naturelle, on espérait diminuer le recours à l’éclairage artificiel.

L’Union européenne a généralisé cette pratique à l’ensemble de ses États membres, imposant le passage à l’heure d’été le dernier dimanche de mars et le retour à l’heure d’hiver le dernier dimanche d’octobre. Une synchronisation continentale censée faciliter les échanges commerciaux et les déplacements transfrontaliers.

Pourquoi certains pays ont déjà abandonné

Le consensus mondial autour du changement d’heure s’est progressivement fissuré. L’Islande, le Groenland, le Brésil, la Chine et l’Inde ont tous décidé de maintenir une heure fixe toute l’année. Leur conclusion ? Les bénéfices énergétiques promis ne se matérialisent pas dans la réalité.

Des études récentes ont effectivement montré que les économies d’énergie réalisées sont marginales, voire inexistantes selon les régions. Pire encore, le changement d’heure perturbe les rythmes biologiques, augmente temporairement les accidents de la route et affecte la productivité au travail pendant plusieurs jours.

changement d'heure heure d'hiver
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La promesse non tenue de la suppression

En 2019, une vaste consultation citoyenne a révélé un rejet massif du changement d’heure. Plus de 80% des participants se sont prononcés pour son abolition, et 59% ont même exprimé leur préférence pour une adoption permanente de l’heure d’été.

Le Parlement européen a entendu ce message et voté en faveur de la suppression. Chaque pays membre aurait dû choisir entre rester définitivement à l’heure d’été ou d’hiver. Mais la pandémie de Covid-19 est venue bouleverser les priorités politiques. Le projet a été mis en suspens, puis progressivement oublié dans les méandres bureaucratiques de Bruxelles.

Pourquoi rien n’a changé depuis 2019

La réponse tient en un mot : coordination. Pour supprimer le changement d’heure, les 27 États membres de l’Union européenne devaient se mettre d’accord sur un système commun. Chaque pays pouvait choisir de rester en heure d’été ou d’hiver, mais cette liberté a créé un casse-tête logistique.

Imaginez l’Europe découpée en fuseaux horaires changeants selon les frontières nationales. Les compagnies aériennes, ferroviaires et les entreprises transfrontalières ont fait pression pour maintenir l’harmonisation actuelle. Les pays n’arrivant pas à coordonner leurs choix, Bruxelles a préféré reporter indéfiniment la décision.

La pandémie est arrivée quelques mois après le vote, reléguant ce sujet au second plan. Depuis, aucun gouvernement n’a repris le flambeau avec suffisamment de conviction pour relancer les négociations. Le statu quo s’est installé, confortable pour les administrations qui n’ont pas à gérer une transition complexe.

Un rituel qui survivra encore longtemps

Six ans après la consultation citoyenne, le message est clair : l’avis des populations pèse peu face aux complications bureaucratiques et aux intérêts économiques. Le changement d’heure continuera de rythmer nos vies tant qu’aucun leader européen n’en fera une priorité politique réelle. En attendant, n’oubliez pas de régler vos montres ce dimanche matin.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.