Un champignon « zombie » pousse les mouches mâles à la nécrophilie

mouche domestique
Mouche domestique. Crédits : birgl/Pixabay

Les êtres vivants possèdent un instinct de reproduction encodé dans leur ADN qui perpétue la survie de chaque espèce. Leurs méthodes sont parfois très étonnantes. Un champignon dispose par exemple d’une tactique de propagation pour le moins macabre : il fait copuler des mouches mâles avec des femelles décédées.

Un champignon maître dans l’art de l’illusion

Dans le magazine Nature, des chercheurs de l’Université de Copenhague ont publié une étude sur le champignon Entomophthora muscae. Sa particularité ? Il infecte les mouches domestiques et répand en leur sein des spores mortelles. Ces spores dévorent l’intérieur des mouches femelles durant une semaine, se rassasiant de leur chair afin de se multiplier. Cependant, juste avant que l’insecte volant n’atteigne son destin fatal, le champignon agit sur son comportement et lui ordonne de se percher le plus haut possible en fonction de son environnement proche.

De son sommet, l’organisme pathogène déchaîne alors un flot de signaux chimiques qui excitent sexuellement les mouches mâles. Ces substances volatiles sont appelées des sesquiterpènes. Dès lors, l’envie nécrophile devient absolument intense et la carcasse de sa congénère irrésistiblement attirante. Sans se douter de ce qui l’attend, le mâle copule irrémédiablement avec la dépouille. Il se retrouve à son tour envahi de spores fongiques qui scelleront son sort quelques jours plus tard. C’est ainsi que cette variété de champignon réussit à se propager et à survivre, au travers d’insectes chimiquement manipulés.

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Crédits : photointrigue/iStock

Une attirance irrépressible plus efficace sur la durée

Les analyses scientifiques ont démontré que les trois quarts des mouches mâles paraissent plus « séduites » quelque temps après la mort par infection fongique des femelles, entre 25 à 30 heures suivant le décès. Seuls 13 % cèdent à cet instinct sexuel entre 3 à 8 heures. Les savants pensent que l’augmentation d’individus pathogènes durant une journée complète postérieurement au stade létal de l’insecte femelle amplifie l’intensité du parfum chimique, accroissant par là même son champ d’attraction afin de piéger le plus de spécimens possible.

Un nouvel anti-mouche en vue ?

Les mouches peuvent être porteuses de nombreuses maladies et contaminer aussi bien les humains que les animaux, au-delà du fait que certaines variétés se montrent extrêmement envahissantes. C’est pourquoi un anti-mouche naturel issu de cette technique de propagation pourrait s’envisager, en répliquant les effluves qu’émet l’Entomophthora muscae. Cet antiparasitaire attirerait alors les mâles non pas vers des corps sans vie, mais plutôt sur des pièges à mouches.

La faune a acquis de formidables et épatantes facultés de pérennisation au fil de l’évolution, souvent au détriment d’autres espèces. Leur adaptation environnementale à travers les âges est également à saluer, comme la mouche Ephydra hians qui possède une astuce bien à elle lui permettant de survivre en immersion sous l’eau d’un lac pourtant mortelle pour son anatomie.