Quel est ce champignon qui est devenu asexué pour mieux nous infecter ?

Crédits : Wikimedia Commons / CDC / Dr. Libero Ajello

Lorsque le champignon responsable de l’infection que l’on nomme « pied d’athlète » s’est habitué à son état de pathogène humain, celui-ci serait devenu asexué. Comment cela est-ce possible ?

Le champignon Trichophyton rubrum est le principal responsable des infections fongiques au niveau de la peau et des ongles tels que le pied d’athlète et l’onychomycose. Le pied d’athlète, par exemple, est une mycose qui touche la peau située entre les orteils et se transmet parfois lorsque l’on marche pied nus à la piscine ou d’autres espaces partagés tels que les douches ou les vestiaires.

Une étude parue le 21 février 2018 dans la revue Genetics et dirigée par Joseph Heitman, professeur de génétique moléculaire et de microbiologie à l’Université Duke (États-Unis) a permis d’en savoir plus sur ce type de champignon infectieux. Pas moins de 135 échantillons ont été analysés, et 134 d’entre eux appartenaient aux même genre sexuel nommé MAT1-1. Le dernier avec un type sexuel opposé (MAT1-2) correspondait au Trichophyton rubrum (de type megninii).

Les scientifiques ont donc tenté de savoir si le champignon au type sexuel MAT1-2 était asexué ou si ce dernier se reproduisait parfois. Ainsi, celui-ci a été placé avec d’autres champignons dans une boîte de Pétri et les chercheurs ont tenté de favoriser d’éventuelles conditions de reproduction en abaissant le niveau de la lumière. Après cinq mois, le champignon en question ne produisait rien qui ressemblait à des spores, et montrait donc son incapacité à se reproduire.

Le génome de ce champignon a également été séquencé afin de comprendre si celui-ci pouvait être considéré comme un clone :

« Les génomes étaient identiques à 99,97 %, ce qui représente trois différences tous les 10 000 nucléotides. Par comparaison, les champignons Cryptococcus sont identiques à 99,36 %, ce qui représente 64 différences tous les 10 000 nucléotides, soit une diversité 21 fois plus élevée », peut-on lire dans une publication de Futura Sciences, citant un communiqué de l’Université de Duke.

Ainsi, les chercheurs estiment que ce champignon incapable de se reproduire est voué à disparaître, mais cela n’est pas pour aujourd’hui. En effet, il est question de centaines de milliers d’années dans le pire des cas !

Celui-ci a perdu cette capacité en raison de son adaptation à l’homme, son hôte, alors que les chances de se reproduire sont beaucoup plus importantes sur d’autres surfaces telles que le sol.

Par ailleurs, ce clone asexué pourrait avoir une capacité très limitée en matière d’adaptation, et pourrait selon les scientifiques être grandement vulnérable à de nouveaux traitements antifongiques. Le fait est que des espèces sexuées ont plus de chance de développer des résistances aux traitements.

Sources : Live Science – Futura Sciences