La saison estivale de 2019 s’annonce d’ores et déjà exceptionnelle pour la zone arctique – comme de nombreuses saisons avant elle. En effet, des records absolus de chaleur sont tombés. Et tandis que la banquise stagne à un niveau record de faible extension pour la période de l’année, les feux de forêts s’en donnent à cœur joie.
Des températures exceptionnelles près du pôle
Le 14 juillet on relevait 21 °C à la station d’Alert, laquelle se situe près du pôle nord – à 82,5 °N. Il s’agit d’un record absolu pour la station et pour une latitude aussi septentrionale. « C’est assez phénoménal comme statistique. C’est un exemple parmi des centaines et des centaines d’autres des records établis par le réchauffement climatique » rapporte Armel Castellan, météorologiste canadienne.
Un peu plus tôt dans la saison, l’Alaska subissait une vague de chaleur inédite de par son intensité et sa durée. Les 30 °C ont été dépassés à plusieurs endroits. Par exemple, à Anchorage on a relevé 32 °C le 4 juillet. Une valeur qui pulvérise le précédent record absolu établi à 29 °C. Ce dernier datait du 14 juin 1969. D’autres températures inédites ont été mesurées dans l’état. Comme à Kenai et King Salmon.
Ces records prennent place dans un contexte de surchauffe globale. En effet, les derniers rapports indiquent que juin 2019 est le mois de juin le plus chaud jamais observé sur le globe (voir ci-dessous). Par ailleurs, c’est aussi le plus chaud en moyenne sur la zone arctique.
Des feux de forêts records et une banquise tourmentée
Conséquence assez logique de ces coups de chalumeau, les incendies se multiplient. En particulier en Alaska et en Russie sibérienne. Les observations satellites indiquent que juin a connu sa pire saison des feux de forêts. Aussi, l’OMM a annoncé qu’une surface équivalente à 100 000 terrains de football avait été ravagée par les flammes le mois dernier.
« Rien qu’en juin, ces incendies de forêt ont émis 50 mégatonnes de CO2 dans l’atmosphère. Soit l’équivalent des émissions annuelles totales de la Suède. C’est plus que ce qui a été libéré par les incendies dans l’Arctique pendant tous les mois de juin réunis de 2010 à 2018 » relate Clare Nullis, porte-parole de l’OMM à Genève. Notons que la situation a continué à se détériorer en première décade de juillet.
En plus de libérer du CO2 et de contribuer au réchauffement climatique, les feux émettent des particules de suie qui peuvent être transportées vers le nord et retomber sur la banquise. Or, leur couleur sombre réduit le pouvoir réfléchissant de la glace et accélère sa fonte en stimulant l’absorption du rayonnement solaire.
Que ce facteur ait contribué ou non, la surface couverte par la glace de mer est à un niveau record de faible extension pour la période de l’année – à égalité avec 2012. La persistance de conditions anticycloniques douces et ensoleillées au pôle a de toute évidence porté un coup dur à une banquise déjà bien mal-en-point.
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