Cette plante carnivore a développé une stratégie de chasse bluffante !

Crédits : NepGrower / Wikipédia

Une nouvelle étude réalisée par des scientifiques de l’université de Bristol (Royaume-Uni) a révélé que la plante carnivore Nepenthes rafflesiana avait développé une stratégie de chasse absolument bluffante. En effet, pour attirer un maximum de fourmis, cette dernière leurre les éclaireuses afin de leur faire croire qu’il n’existe aucun danger.

Nepenthes rafflesiana est une plante carnivore connue depuis le XIXe siècle par la communauté scientifique. Endémique à l’île de Bornéo, ce végétal possède des feuilles en forme d’urne qui sécrètent un délicieux nectar afin d’attirer les insectes – généralement des fourmis – dans son piège mortel. En effet, une fois que ces derniers se mettent à déguster l’appétissant breuvage, une substance humide se charge de les faire inexorablement glisser au fond de la cavité au sein de laquelle ils seront doucement digérés.

Si la connaissance de ce mécanisme ne date pas d’hier, les chercheurs se sont néanmoins récemment aperçus que ce piège fonctionnait par intermittence en fonction des conditions météorologiques. Une adaptation qui a de quoi surprendre sachant que la plupart des autres plantes de ce type ont un système qui fonctionne en permanence.

Pour tenter de comprendre si Nepenthes rafflesiana avait un avantage quelconque à utiliser un piège fonctionnant de façon discontinue, des scientifiques de l’université de Bristol ont eu l’idée de comparer des plantes de cette espèce dans deux conditions différentes : une où la plante fonctionnait normalement et une autre où le mécanisme de capture était artificiellement maintenu actif. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le résultat est particulièrement éloquent puisque c’est 36,5% de proies supplémentaires qui ont été capturées dans le cas où le piège fonctionnait par intermittence.

Une stratégie parfaitement bien rodée

Pour les chercheurs, le surplus de prises dans la « condition naturelle » serait explicable par le fait qu’elle engendre des « captures par lots ». En effet, lorsque le piège est inactif, les fourmis éclaireuses peuvent venir déguster le nectar et ressortir de la poche saine et sauve pour aller prévenir les ouvrières de la présence de cette source de nourriture. Malheureusement, lorsque les fourmis reviennent par la suite en groupe, les conditions météorologiques ont quelque peu changé et le piège s’est réactivé. C’est donc l’ensemble du groupe qui est finalement entrainé vers le fond de la fleur au lieu de quelques individus isolés.

Cette stratégie hors du commun serait profitable aussi bien aux fourmis qu’à la plante elle-même si l’on en croit les auteurs de l’étude qui a été publiée dans la revue Proceedings of the Royal Society B. « Tant que le gain d’énergie (le nectar) l’emporte sur la perte des ouvrières, les colonies tirent avantage de cette relation tout autant que la plante », a ainsi souligné Ulrike Bauer, chercheuse à l’université Bristol, relayée par le site Sciences & Avenir.

Source: Sciences&Avenir