Cette limace a « volé » le gène d’une algue pour vivre comme une plante

Crédits : Curtis et al. / Wikimedia Commons

En s’appropriant les cellules d’algues dont il se nourrit, cet étrange mollusque marin est devenu capable de pratiquer la photosynthèse. Une étonnante technique de survie dont les mécanismes sous-jacents viennent tout juste d’être compris par la science.

S’approprier le pouvoir de sa proie afin d’assurer sa survie, voici l’étonnante capacité que l’évolution a offerte à l’élysie émeraude (Elysia chlorotica), une limace de mer vivant sur la côte Est de l’Amérique du Nord.

En se nourrissant de l’algue Vaucheria litorea, ce mollusque marin capture les organites photosynthétiques – chloroplastes — présents dans la plante afin d’utiliser à son compte le processus de photosynthèse. Un procédé connu sous le nom de kleptoplastie qui permet à l’animal de fabriquer sa propre nourriture pendant près de neuf mois, et ce, grâce à la seule puissance des rayons du soleil.

Vers une meilleure compréhension de ce phénomène

Si les scientifiques méconnaissaient jusqu’alors les mécanismes permettant aux chloroplastes de rester intacts aussi longtemps au sein des cellules digestives du gastéropode, des travaux menés par des chercheurs américains ont récemment permis d’en offrir une meilleure compréhension.

Dans leur étude publiée dans la revue The Biological Bulletin, les scientifiques ont en effet expliqué avoir découvert que l’élysie émeraude avait acquis, au cours de son évolution, un gène de l’algue Vaucheria litorea. Un mode de transmission qui était jusqu’ici inenvisageable. « Il est [normalement] impossible sur Terre que les gènes d’une algue puissent fonctionner à l’intérieur d’une cellule animale. Et pourtant, ici, c’est bien ce qui se passe », s’est ainsi étonné le biologiste Sidney K. Pierce, co-auteur de la recherche, au sein d’un communiqué.

Baptisé PrK, ce fameux gène permettrait non seulement à l’animal de pouvoir synthétiser de la chlorophylle, mais lui offrirait également la possibilité de réparer les chloroplastes ingérés afin de les garder fonctionnels.

Comment les scientifiques sont-ils parvenus à une telle découverte ? En utilisant l’hybridation in situ en fluorescence. Il s’agit d’une technique biomédicale visant à utiliser des sondes fluorescentes afin de révéler certains éléments — comme des portions d’ADN — situés à l’intérieur de la cellule. En utilisant une sonde du gène Prk, ils ont ainsi pu remarquer que ce dernier s’était hybridé à l’un des chromosomes de l’élysie émeraude.

Une découverte qui pourrait déboucher sur des applications médicales

La compréhension de ce mode de transmission, qui rappelons le était jusque-là considéré comme impossible, pourrait bien être d’une grande utilité dans le domaine médical afin de traiter certaines maladies d’origine génétique. « Est-ce qu’une limace de mer est un bon [modèle biologique] pour une thérapie humaine ? Probablement pasMais déterminer le mécanisme de ce transfert de gène naturel pourrait être extrêmement instructif pour des applications médicales futures », a ainsi expliqué Sidney K. Pierce, relayé par le site futura-sciences.

Sources : futura-sciences — Marine Biological Laboratory