Cette jolie météorite contient les éléments constitutifs de la vie

météorite acides animés
La chercheuse Queenie Chan détient un échantillon de la météorite Winchcombe. Crédits : Royal Holloway, Université de Londres

Un fragment de météorite retrouvé en 2021 dans une allée de Winchcombe, en Angleterre, s’est révélé aussi vierge que certains échantillons d’astéroïdes collectés directement depuis l’espace. À l’intérieur, les chercheurs ont isolé des acides aminés ayant potentiellement conduit à la reproduction de la vie sur Terre. Nous savons également que son astéroïde parent contenait de l’eau liquide. Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Meteoritics & Planetary Science.

Éviter toute contamination terrestre

Les astéroïdes sont des vestiges de la formation planétaire. Pour étudier ces matériaux, deux options sont possibles : soit envoyer une sonde sur un astéroïde pour y prélever des échantillons et les rapporter sur Terre, soit analyser les météorites recueillies à la surface de la Terre.

On catégorise par ailleurs les météorites en différentes classes en fonction de leurs compositions pétrologiques, chimiques et isotopiques. L’une de ces classes, les chondrites carbonées (environ 4 % de toutes les météorites récupérées), a retenu l’attention des scientifiques en raison de leur forte teneur en carbone et de l’hébergement de diverses suites de molécules biologiquement vitales, y compris une gamme de molécules organiques solubles (SOM) telles que les acides aminés, les amines, les nucléobases, les polyols et les acides carboxyliques. Les variations de composition de ces molécules reflètent leurs origines plausibles ainsi que les processus aqueux et métamorphiques du corps parent qui modifient ultérieurement ces signatures.

Cependant, l’étude des molécules organiques solubles dans les météorites est confrontée à un défi majeur : la contamination terrestre. Pour analyser ces objets, il est nécessaire d’avoir du matériel « vierge ». Et pour avoir du matériel vierge, il est essentiel de récupérer les météorites s’étant écrasées sur Terre le plus rapidement possible, car plus le temps passe et plus le matériel est contaminé.

C’est donc tout l’intérêt de cette étude. La récupération rapide de la météorite de Winchcombe, découverte en 2021 au Royaume-Uni, a récemment offert aux chercheurs une occasion précieuse d’étudier le profil de sa matière organique soluble qui était telle qu’elle était lorsque l’astéroïde dont elle provenait traversait l’espace.

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Crédits : NHM

Des acides aminés

Au cours de leurs analyses, les chercheurs ont isolé de la matière organique, dont des composés pouvant être dissous. Parmi eux figuraient notamment des acides aminés. Certains sont en outre les précurseurs des protéines qui composent l’ADN et sont vitaux pour la vie sur Terre.

Des composés se sont aussi avérés plus chimiquement altérés par l’eau que d’autres. Les scientifiques pensent que l’eau de l’astéroïde parent à partir duquel s’est détaché ce fragment a déclenché ces réactions chimiques ayant permis la création des acides aminés découverts. Il y a plusieurs milliards d’années, ces mêmes types d’acides aminés auraient fini par former des protéines, à partir desquelles se sont ensuite formées des formes de vie primitives.

Ce qui était précisément nécessaire pour passer du non vivant au vivant reste encore un mystère. Cependant, les matières organiques (et en particulier les acides aminés) trouvées dans ce type de météorites rapprochent les scientifiques de la réponse.