IRM cerveau
Crédits : gorodenkoff/istock

Cette IRM révèle combien d’années il vous reste à vivre

Une simple IRM cérébrale pourrait bientôt vous révéler bien plus que l’état de votre cerveau. Des chercheurs de l’Université Duke viennent de démontrer qu’un seul scan peut prédire votre vitesse de vieillissement biologique et anticiper vos risques de développer des maladies graves dans les années à venir.

Un instantané du cerveau pour lire l’avenir de votre santé

L’équipe dirigée par Ahmad Hariri, professeur de psychologie et de neurosciences, a développé un outil révolutionnaire baptisé DunedinPACNI. Cette technologie analyse la structure cérébrale en détail : le volume et l’épaisseur des différentes régions, ainsi que le rapport entre la matière blanche et la matière grise. Ces données sont ensuite traitées par un algorithme d’apprentissage automatique capable de déterminer si vous vieillissez plus rapidement ou plus lentement que la moyenne.

L’originalité de cette approche réside dans sa capacité à établir un diagnostic prédictif à partir d’un examen unique. Contrairement aux méthodes traditionnelles qui s’appuient sur des marqueurs sanguins ou des tests physiques répétés, une seule IRM suffit désormais pour évaluer votre rythme de vieillissement biologique.

Une prédiction précise des risques de santé

Les implications de cette découverte rapportée dans Nature Aging sont considérables. L’outil peut prédire avec une remarquable précision les risques futurs de troubles cognitifs, de démence, de maladies cardiaques, de diabète, d’accidents vasculaires cérébraux et même de décès prématuré. Cette capacité prédictive ouvre des perspectives inédites pour la médecine personnalisée.

Le vieillissement accéléré détecté par DunedinPACNI s’accompagne également d’une fragilité physique plus importante, mesurable par des tests simples comme la force de préhension ou la vitesse de marche. Cette corrélation renforce la fiabilité de l’outil et sa pertinence clinique.

Une validation scientifique rigoureuse

Pour développer leur modèle, les chercheurs ont exploité les données exceptionnelles de l’étude Dunedin, un suivi longitudinal de 1 037 personnes nées en Nouvelle-Zélande en 1972 et 1973. Ces participants ont subi 19 évaluations complètes depuis leur naissance, permettant une analyse approfondie de leur évolution physique et cognitive.

Les IRM cérébrales réalisées à 45 ans ont été comparées à une multitude d’indicateurs de vieillissement : tests de déclin cognitif, évaluations physiques, état de santé subjectif, et même signes visibles de vieillissement facial. Cette approche multidimensionnelle a permis d’identifier les signatures cérébrales du vieillissement accéléré.

IRM cerveau
Crédits : mr.suphachai praserdumrongchai/istock

Une portée internationale confirmée

La véritable force de DunedinPACNI réside dans sa généralisabilité. L’équipe a testé son outil sur plus de 44 000 IRM provenant de trois bases de données internationales majeures : la UK Biobank britannique, l’Alzheimer’s Disease Neuroimaging Initiative américaine, et l’ensemble BrainLat couvrant cinq pays d’Amérique du Sud.

Cette validation croisée confirme que les signatures cérébrales du vieillissement transcendent les différences culturelles, génétiques et environnementales. Un résultat remarquable qui renforce la crédibilité scientifique de l’outil.

Un complément aux méthodes existantes

DunedinPACNI s’inscrit dans la continuité des travaux antérieurs de l’équipe. Ils avaient précédemment développé DunedinPACE, un outil similaire basé sur l’analyse de la méthylation de l’ADN dans le sang. Cette méthode épigénétique examine les modifications chimiques qui s’attachent aux molécules d’ADN et influencent l’activité des gènes sans altérer le code génétique lui-même.

La comparaison directe entre les deux outils révèle des résultats similaires, offrant désormais aux chercheurs et cliniciens deux approches complémentaires selon les données disponibles.

Vers une médecine préventive personnalisée

Les perspectives d’application clinique sont prometteuses. Le Dr Dan Henderson, du Brigham and Women’s Hospital, envisage déjà d’utiliser DunedinPACNI pour personnaliser les interventions médicales en fonction du profil de vieillissement de chaque patient. Cette approche pourrait révolutionner la médecine préventive en permettant d’anticiper les problèmes de santé avant même l’apparition des premiers symptômes.

Cette recherche illustre parfaitement l’importance d’étudier le vieillissement chez les personnes jeunes et en bonne santé, plutôt que d’attendre la manifestation des maladies. Une philosophie qui pourrait transformer notre approche du vieillissement et de la santé à long terme.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.