Originaire du Kazakhstan, Alexandra Elbakyan est dans l’illégalité la plus totale. Au moyen sa plateforme gratuite Sci-Hub, elle donne en permanence accès à des dizaines de millions d’articles scientifiques. Ses actions d’ailleurs vivement saluées en temps de pandémie ont même fait plier (certes de manière relative) plusieurs grands éditeurs académiques.
Comment est née la plateforme Sci-Hub ?
En avril 2020, nous évoquions l’action du hacker Shrine et de son groupe, ayant obtenu illégalement plus de 5 000 documents de recherche sur les coronavirus. L’objectif était de les rendre publics pour faire avancer la lutte contre le SARS-CoV-2. Ceci a notamment permis à des chercheurs ayant peu de moyens de ne pas avoir à payer pour accéder aux contenus scientifiques. Néanmoins, de nombreux internautes avaient estimé qu’il ne s’agissait pas de piratage. Il faut dire que les hackers ont utilisé la plateforme controversée Sci-Hub sur laquelle étaient présents tous ces documents édités depuis 1968.
À l’origine de Sci-Hub depuis 2011, nous retrouvons Alexandra Elbakyan, une Kazakhe d’une trentaine d’années. Auparavant, elle était programmeuse et étudiait les neurosciences. Toutefois, elle s’indignait de se retrouver souvent bloquée par des sommes trop élevées à régler afin d’avoir accès aux contenus. Comme de nombreux étudiants, elle commença a pirater ces articles. Ensuite, la plateforme a fait son apparition dès la mise en commun de ces mêmes articles.
Une barrière difficile à franchir : les éditeurs
Aujourd’hui, Sci-Hub totalise plus de 78 millions de références dans sa base de données. Chaque jour, 500 000 visiteurs uniques fréquentent ce site. Selon We Demain qui a récemment interrogé Alexandra Elbakyan par e-mail, environ 100 000 visiteurs supplémentaires visitaient la plateforme durant le premier confinement. Ce genre de pics n’est pas très surprenant, car chaque crise sanitaire crée un plus grand besoin d’information.
Quelques semaines après l’affaire des 5 000 documents sur les coronavirus, certains éditeurs académiques avaient ouvert l’accès aux contenus de recherches sur ce sujet. Néanmoins, tous les autres articles restaient payants, si bien qu’il ne s’agissait pas d’une victoire totale pour Alexandra Elbakyan. De plus, les éditeurs n’ont pas hésité à la poursuivre en justice.
Rappelons également que la moitié de la recherche dans le monde est publiée par seulement cinq grands éditeurs, dont les célèbres American Chemical Society et Springer Nature. Évidemment, ces éditeurs ont un rôle important : celui d’assurer le processus de sélection et de relecture par des pairs. Néanmoins, l’accès aux revues scientifiques représente un investissement que les universités du monde ont de plus en plus de mal à assumer. Or, c’est un comble, car la plupart de ces recherches sont rendues possibles grâce à des fonds publics !