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Cette fourmi ne laisse clairement aucune chance à ses proies

Crédits : Steven O. Shattuck

Les fourmis du genre Myrmoteras en provenance d’Asie du Sud-Est sont des prédatrices redoutables. Leurs mandibules très allongées sont armées de nombreuses dents qui ne laissent aucune chance aux proies qu’elles rencontrent. Mais le plus impressionnant reste leur capacité à ouvrir leurs mandibules à un angle de 280° qu’elles refermeront ensuite sur des proies sans méfiance à des vitesses allant jusqu’à quatre-vingts kilomètres par heure. Tout se passe ici en une demi-seconde.

Le secret selon l’entomologiste Frederick Larabee, du Musée national d’histoire naturelle du Smithsonian, est la façon dont Myrmoteras maintient ses mâchoires ouvertes à un angle de 280 degrés, stockant alors de l’énergie élastique qui se déclenche soudainement : « ce qui est intéressant, c’est que l’agencement des muscles et la façon dont les mâchoires sont verrouillées sont complètement différents des autres fourmis étudiées. Il semble que ce soit une évolution complètement unique ».

Pour cette fourmi, le mécanisme de « capture » est rendu possible par l’articulation de sa mandibule. Un lobe à l’arrière de la tête se comprime, ce qui permet de régler le piège à ressort ; la mâchoire est ensuite relâchée par un muscle déclencheur rapide. Un peu comme si vous tendiez des ciseaux élastiques au maximum avant de tout relâcher d’un seul coup. La proie, qui se retrouve alors au mauvais endroit au mauvais moment, n’a plus aucune chance d’en échapper.

Ce mécanisme, Frederick Larabee et son collègue Andrew Suarez, de l’Université de l’Illinois, ont pu le déduire en inspectant l’intérieur de plusieurs crânes de Myrmoteras au moyen d’une microtomodensitométrie qui a donc révélé la structure interne de la mâchoire et des muscles impliqués dans le processus de mise à mort. Dans l’image ci-dessous, vous pouvez notamment voir que les muscles occupent une partie importante de la tête de la fourmi. Les parties bleue, rouge et blanche, sont toutes des muscles qui tirent ou relâchent la mandibule représentée en pourpre. Plus précisément, le muscle blanc est celui qui ouvre la mandibule, tandis que le bleu et le rouge sont respectivement des muscles rapides et lents qui ferment la mâchoire, l’un agissant comme un ressort, l’autre en déclencheur.

Crédits : Fredrick Larabee et al.

Selon les chercheurs, ce système « élastique » permet au piège de se fermer de manière significativement plus rapide que si les mâchoires dépendaient de la force musculaire seule. Ces fourmis ne sont néanmoins pas les plus rapides puisque ce titre revient aux fourmis subtropicales du genre Odontomachus.

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Brice Louvet, expert espace et sciences

Rédigé par Brice Louvet, expert espace et sciences

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.