Cette étude expose un fait troublant sur l’augmentation du CO2 atmosphérique

CO2 NASA
Crédits : capture vidéo / NASA.

Une étude parue dans la revue Global Biogeochemical Cycles le 24 septembre dernier montre que le supplément de dioxyde de carbone (CO2) apparu dans l’atmosphère depuis le début de la révolution industrielle n’est constitué qu’à 45 % de CO2 d’origine humaine. Comment comprendre ce résultat en apparence paradoxal ?

La teneur de l’atmosphère en dioxyde de carbone est passée de quelque 280 ppm (parties par million) avant la révolution industrielle à 420 ppm de nos jours. Or, contrairement à ce qui est souvent supposé, la fraction additionnelle de CO2 dans l’air, équivalente à 140 ppm, n’est pas uniquement constituée de carbone d’origine humaine. C’est ce qu’ont récemment montré des chercheurs de l’Université de New South Wales (Australie) et de l’Université de Californie (États-Unis).

Le supplément de CO2 partagé entre carbone anthropique et carbone naturel

En utilisant une technique de traçage appliquée aux échanges de carbone entre l’atmosphère et l’océan, qui est comparable à une étiquette attachée aux molécules de CO2, ils ont constaté que seuls 45 % des 140 ppm étaient constitués de CO2 d’origine humaine, les 55 % restants étant du carbone dégazé par l’océan. Il n’en faudrait pas plus à certains pour relativiser le poids des activités humaines dans l’augmentation des gaz à effet de serre et, donc, de leur contribution au réchauffement climatique.

Les scientifiques précisent toutefois que leurs travaux ne remettent pas en cause l’origine humaine du déséquilibre observé dans le cycle du carbone et dans le réchauffement climatique qui en résulte. En pratique, toute la subtilité du propos réside dans la différence qui existe entre les flux de carbone et la perturbation de ces flux.

carbone CO2
Gauche : représentation traditionnelle de l’augmentation du carbone atmosphérique (CO2atm) et océanique (DIC) comme étant constituées à 100 % de CO2 émis par les activités humaines. Droite : vue plus réaliste mettant en évidence le déplacement général de l’équilibre, impliquant une part augmentée de carbone atmosphérique constituée à 45 % de CO2 émis par les activités humaines et à 55 % de CO2 naturel dégazé par les océans. Crédits : Mark Holzer & Tim DeVries, 2022.

Un résultat qui ne remet pas en cause l’origine anthropique du réchauffement climatique

En réalité, le surplus de 140 ppm induit par les activités humaines n’a aucune raison d’être constitué à 100 % de molécules émises directement par ces activités. En effet, étant donné que le déséquilibre se répercute sur les échanges entre l’océan et l’atmosphère, il déplace in fine des molécules d’origine naturelle. Cependant, au final, il restera toujours un excès de 140 ppm dont le système n’arrive pas à se débarrasser et qui provient bien en totalité des émissions anthropiques.

Le calcul novateur effectué par les chercheurs montre également que, dans cette perspective, l’océan a absorbé deux fois plus de CO2 anthropique qu’on ne le pensait auparavant. Pour l’année 2020, l’océan rejetait ainsi une molécule de CO2 préindustrielle pour deux molécules d’origine humaine absorbées. En somme, l’étude permet de mieux comprendre où finit le carbone que nous rejetons, bien qu’elle ne questionne aucunement les déséquilibres que ces rejets induisent.

« Ainsi, à mesure que l’océan absorbe de plus en plus de carbone émis [NDLR : par les activités humaines], il dégaze de plus en plus de carbone naturel qui était dissous dans l’océan avant que les sources de carbone industrielles ne jouent un rôle significatif », conclut l’étude dans son résumé.