Jusqu’au XIXe siècle, une légendaire chaîne de montagnes était présente sur les cartes

Carte coloniale française (1881) Crédits : Wikimédia Commons Crédits : Wikimédia Commons

Plusieurs cartes d’Afrique élaborées à l’époque faisaient figurer une chaîne de montagnes qui n’a jamais existé : les monts de Kong. Évidemment, les cartes modernes ne représentent plus cette chaîne de montagnes qui avait été mentionnée de façon délibérée.

Comment cette chaîne de montagnes a-t-elle pu figurer sur les cartes géographiques durant un siècle ? Tout est parti du géographe britannique James Rennell qui s’est servi du récit de l’explorateur écossais Mungo Park pour élaborer sa carte de l’Afrique de l’Ouest en 1798. L’explorateur affirmait avoir découvert ces montagnes qu’il décrivait comme « appartenant au grand et puissant royaume de Kong », qui était situé au nord de l’actuelle Côte d’Ivoire.

Or sur les cartes, les monts de Kong se trouvent sur la ligne de partage des eaux entre le bassin du Niger et le golfe de Guinée, s’étendant sur plus de mille kilomètres. Ils rejoignent après les montagnes de la Lune à l’est, comme le montre une carte de l’anglais John Carry réalisée en 1805 (voir ci-dessous).

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Il faut savoir qu’en réalité, James Rennell a modifié volontairement les coordonnées transmises par Mungo Park afin que la localisation des monts de Kong puisse appuyer sa thèse sur le fleuve Niger. Ainsi, les géographes du XIXe siècle ont repris ces mêmes données dans leurs cartographies, surtout que d’autres explorateurs affirment également avoir rencontré ces montagnes lors de leurs expéditions. Certains ont même déclaré avoir traversé ce qu’il semblait être un massif imposant dont l’altitude variait de 760 à 4200 mètres.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, de nombreuses informations étaient disponibles sur les monts de Kong, notamment d’ordre géologique. Selon divers auteurs du même siècle, les pics sont couverts de neige, composés de granite ou de calcaire et certains renferment même des gisements d’or.

Un ouvrage de géographie évoque même les monts de Kong : La Géographie de l’abbé Gaultier (1833). Ceux-ci y sont décrits et présentés comme étant l’un des huit massifs montagneux principaux d’Afrique. Ces montagnes sont également mentionnées par Jules Verne dans le 12e chapitre de son œuvre Robur le Conquérant (1886).

Officiellement, le mythe prend fin en 1888 lorsque l’explorateur français Louis-Gustave Binger atteint la ville de Kong dans le nord de l’actuelle Côte d’Ivoire. L’intéressé démontre alors qu’aucune chaîne de montagnes n’a existé dans cette région.

Sources : Daily Geek ShowThe Telegraph