Cet insecticide cause des troubles neurologiques et métaboliques chez les insectes

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Une étude australienne s’est intéressée à l’imidaclopride, un pesticide de la famille des néonicotinoïdes. Des drosophiles ont fait l’objet de tests les exposant à de faibles doses de cet insecticide. Selon les chercheurs, le produit cause chez ces insectes des troubles neurologiques et métaboliques, dont la cécité.

Des conséquences au niveau cellulaire

L’imidaclopride est un des insecticides les plus utilisés dans le monde depuis les années 1990. Appartenant à la famille des néonicotinoïdes, ce produit est autorisé en Europe seulement dans des serres permanentes. Il est également utilisé en traitement pour les semences destinées à un usage en serre. Une étude publiée par l’Université de Melbourne (Australie) le 29 septembre 2020 évoque les effets de ce produit sur les insectes.

Selon les chercheurs, l’imidaclopride affecte le système nerveux des insectes en agissant sur les récepteurs nicotiniques de l’acétylcholine (nACHrs). Dans le cadre de l’étude, les scientifiques ont procédé à des tests sur des mouches du vinaigre (Drosophila melanogaster). Or, l’insecticide aurait des conséquences au niveau cellulaire, même à très faible dose.

Un cycle essentiel perturbé

L’imidaclopride ciblant les récepteurs nicotiniques cause un afflux d’ions calcium, sodium ou potassium dans la cellule nerveuse. Or, cet afflux active plusieurs mécanismes cellulaires. Ceux-ci augmentent la quantité de Reactive oxygen species (ROS), à savoir de petites molécules à l’origine du stress oxydatif cytotoxique (ou stress oxydant). Les directeurs de l’étude ont testé sur des larves de drosophiles l’effet d’une faible dose de 2,5 ppm durant plusieurs heures. Après une heure d’exposition, le taux de ROS augmente dans le cerveau des larves. Deux heures plus tard, l’intestin moyen est infecté.

Les mitochondries (organites cellulaires eucaryotes) sont aussi impactées. L’enzyme connue sous le nom d’aconitase perd 30 % de son activité en présence de l’insecticide. Or, cette enzyme participe au cycle de Krebs (ou cycle de l’acide citrique), un cycle de réaction biochimique conduisant à la formation d’énergie sous forme d’adénosine triphosphate (ATP) et de guanosine triphosphate (GTP).

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Destinés à tuer les insectes ravageurs, les insecticides s’en prennent également à des insectes très utiles tels que les abeilles. Crédits : Pixabay / PollyDot

Une cécité progressive

Les chercheurs ont également pratiqué des tests sur des drosophiles adultes : une exposition à l’insecticide à raison de 4 ppm durant plus d’une vingtaine de jours. Selon les résultats, ils ont alors constaté des effets neurodégénératifs. À l’aide d’électrorétinogrammes, les scientifiques ont observé une cécité progressive chez les drosophiles. Après 28 jours d’exposition, 68 % des cobayes n’arrivaient plus à grimper le long d’une fiole transparente.

Rappelons que la fonction d’un insecticide est de tuer les insectes ravageurs, si bien que ces résultats ne sont pas si surprenants en soi. Toutefois, les directeurs de l’étude soulignent le fait que ces troubles apparaissent lors d’expositions à des doses très en dessous de celles que l’on utilise dans l’agriculture. Autrement dit, d’autres insectes non ravageurs et donc utiles à l’environnement peuvent être impactés. Citons par exemple les abeilles, dont le déclin est déjà connu depuis au moins une vingtaine d’années.