Quel est cet inquiétant syndrome oculaire qui touche de nombreux astronautes ?

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Après de longues missions, c’est une énorme part de 80% des astronautes qui sont touchés par un mystérieux syndrome qui affecte considérablement leur vision. Un syndrome que les spécialistes peinent encore à expliquer, à l’aube des voyages sur Mars. 

Après avoir passé une mission de six mois à bord de la Station Spatiale Internationale (ISS) en 2005, l’astronaute John Philips a vu sa vision s’écrouler littéralement en très peu de temps, passant de 20/20 à 20/100. Au terme de trois mois à bord de la Station, l’homme voyait déjà assez flou, mais ne s’en inquiétait guère, pensant que « tout allait rentrer dans l’ordre à son retour sur Terre« , comme il l’a expliqué au Washington Post.

L’astronaute a alors passé toute une série de tests et d’examens à son retour sur Terre, examens qui ont confirmé une altération de sa vision, mais aussi un aplatissement de l’arrière de son globe oculaire, ce qui a eu pour effet de pousser sa rétine vers l’avant et de provoquer une inflammation de ses nerfs optiques. Un phénomène qui touche près de 80% des astronautes qui effectuent de longues missions, et qui est appelé déficience visuelle par pression intracrânienne (VIIP).

Si les experts n’expliquent toujours pas la raison de ce phénomène, une hypothèse est toutefois avancée : la pression intracrânienne qui serait trop forte. En effet, sur Terre, la gravité fait descendre le fluide intracrânien vers les pieds, contrairement à ce qu’il se passe dans l’espace, où l’absence de gravité aurait pour conséquence une trop grande pression intracrânienne, affectant directement les yeux.

Vérifier cette hypothèse est extrêmement compliqué, car cela nécessiterait des techniques invasives, dangereuses pour les astronautes lorsqu’ils sont dans l’espace. Des techniques moins risquées sont actuellement à l’étude, par exemple à partir d’ondes sonores, mais « aucune des techniques n’est assez précise » pour l’instant, comme l’explique Eric Bershad, neurologue au Baylor College Medicine, à Houston aux États-Unis. Quoi qu’il en soit, la Nasa va devoir trouver des solutions pour éclaircir les causes de ce syndrome, elle qui projette d’envoyer des hommes sur Mars à l’horizon 2030.

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