En France, un étudiant en architecture a eu l’idée des plantes cultivées localement afin de fabriquer des panneaux isolants. Derrière ce matériau biosourcé, l’objectif est évidemment de contribuer à réduire l’empreinte carbone du secteur du bâtiment.
Une plante d’intérêt écologique
En France, selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), le secteur du bâtiment dans son ensemble représente 23 % des émissions nationales de gaz à effet de serre (GES). Or, la production des matériaux de construction (béton, ciment etc.) est en grande partie responsable de ce bilan. D’une manière générale, les gouvernements et certaines sociétés tentent de trouver des solutions alternatives en tous genre. Par exemple, le cimentier français NeoCem a présenté en avril 2025 un ciment bas-carbone à base d’argile, à la fois écologique et issu d’une production locale.
Lors du dernier James Dyson Award, un concours récompensant les jeunes pour leurs innovations, a sélectionné le projet d’Alex Babayan, un étudiant de l’École d’Architecture de Lille. L’intéressé dit avoir développé une alternative durable aux isolants habituels reposant sur les miscanthus, un genre de plantes dont certaines espèces présentent plusieurs intérêts : valeur énergétique (biomasse/énergie) ou encore, teneur en lignocelluloses pour la production de matériaux biosourcés. Preuve de cet intérêt grandissant, l’Union Européenne a affirmé en 2017 que les cultures de miscanthus pouvaient faire partie des surfaces d’intérêt écologique (SIE) de la politique agricole commune (PAC).
Quel processus de fabrication ?
Dans les faits, les miscanthus sont broyées et mélangées à un liant naturel, avant des opérations de moulage et de séchage. Une fois sec, le matériau se présentant sous la forme de briques ou de panneaux sur mesure devient dur et performant en termes d’isolation thermique et phonique. Toutefois, Alex Babayan a eu l’idée de renforcer sa durabilité en appliquant un tissu thermocollant sur chacune de ses faces.
« Ce procédé unique permet également de personnaliser facilement la forme et la taille des blocs en fonction des besoins de construction, réduisant ainsi les déchets et simplifiant l’installation. Miscanterra est une solution durable, responsable et innovante. », peut-on lire dans la présentation du projet sur le site du James Dyson Award.

Crédits : Miscanterra / James Dyson Award
Changer la donne pour les matériaux isolants
Cette innovation s’inscrit dans un projet nommé Miscanterra, ayant vu le jour suite à des travaux de réhabilitation d’une cité minière. Alex Babayan découvre à cette occasion les propriétés des miscanthus et a permis de régler plusieurs problèmes sur place. Rappelons tout de même que d’une manière générale, les déperditions thermiques dans les bâtiments peuvent représenter jusqu’à 45 % de la consommation énergétique totale d’un foyer. De plus, environ 90 % du marché des isolants est dominé par des matériaux synthétiques, cancérigènes mais également, énergivores à produire.
Enfin, Alex Babayan dit avoir testé une quarantaine de prototypes mais aurait déjà trouvé la version finale, adaptée à une production semi-industrielle et compatible avec une commercialisation à grande échelle. De plus, l’intéressé a déposé sa propre marque et un brevet protégeant l’innovation est en cours d’acceptation. Évoquons également la volonté de l’étudiant de créer des micro-unités de production locales afin de stimuler l’emploi régional, ce qui pourrait contribuer encore davantage à la décarbonation du secteur de la construction.
