Les virus géants comptent désormais un nouveau venu dans la famille. Celui-ci met en place une technique inédite dans le but de se multiplier, en influençant à distance le noyau de son hôte.
Ces virus géants (ou girus) ont été découverts en 2003 et sont exceptionnels de par leur taille (supérieure à 200 nanomètres) ainsi que par le nombre de paires de base caractérisant leur ADN. Un tout nouveau virus de ce type a été découvert en Nouvelle-Calédonie et prend le nom de Nouméavirus comme l’indique un communiqué du CNRS du 24 avril 2017.
Mis en lumière par Jean-Michel Claverie (CNRS) et Chantal Abergel (Université Aix-Marseille), le Nouméavirus se distingue par la façon inédite avec laquelle ce dernier se réplique.
Dans un organisme dit eucaryote, l’ADN se trouve dans le noyau de la cellule, tout comme le moyen de sa transcription en acide ribonucléique (ARN). L’ARN obtenu est alors retiré du noyau afin d’être traduit en protéine dans le cytoplasme. Comme un virus à ADN ne dispose d’aucun moyen interne pour se développer, celui-ci doit infecter un hôte et profiter de son système pour se reproduire. Seulement deux techniques émanant des virus « nucléaires » et des virus « cytoplasmiques » étaient connues, mais le Nouméavirus semble innover.
Concernant les virus cytoplasmiques, l’ADN viral stagne dans le cytoplasme de la cellule atteinte, mais les enzymes de transcription faisant défaut, les virus apportent eux-mêmes leurs ARN polymérases et leurs protéines. Ceci leur permet d’entamer le processus infectieux et d’utiliser la machinerie de synthèse des protéines de la cellule hôte.
Les chercheurs ont suivi le processus dans une amibe dont le noyau a été mis en évidence par un marquage fluorescent. Après le début de l’infection, les protéines se sont répandues dans le cytoplasme, indiquant que le noyau de la cellule a été rendu perméable aux protéines ce qui a permis au virus d’aller y recruter des enzymes et d’entamer la transcription de son ADN ! Après quelques heures, la multiplication du virus est effective, mais le noyau a quant à lui retrouvé son état normal.
Les scientifiques pensent qu’il s’agit là d’une évolution d’un virus dit nucléaire ayant acquis le moyen de transcrire lui-même son ADN. Cette évolution serait alors intermédiaire dans le cas du Nouméavirus, capable de rendre perméable le noyau de son hôte pour utiliser sa « machinerie nucléaire » sans pour autant investir ce même noyau.
Sources : CNRS – Pour la Science – Futura Sciences