Une équipe de paléontologues annonce avoir découvert au Maroc des fossiles de tribolites morts il y a près d’un demi-milliard d’années. Chose étonnante : ils se tenaient tous « à la queue leu leu » au moment de périr.
De nombreux fossiles de tribolites ont été découverts, quasiment partout dans le monde. Nous savons que ces petits arthropodes étaient résilients. Ils ont en effet survécu à deux extinctions massives. L’une à la fin de l’Ordovicien, il y a environ 444 millions d’années, et l’autre à la fin du Dévonien, il y a environ 360 millions d’années. Ils n’ont en revanche pas survécu à la troisième extinction, il y a 252 millions d’années. Comme 95 % de toutes les espèces sur Terre, d’ailleurs.
Néanmoins, malgré tous ces fossiles, on ignore encore beaucoup de choses sur leurs comportements anciens. Une récente découverte, faite au sud du Maroc, nous permet d’y voir un peu plus clair. Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Scientific Reports.
En file indienne
Le paléontologue Jean Vannier et son équipe, de l’Université de Lyon, annoncent en effet avoir identifié plusieurs spécimens vieux de 480 millions d’années qui semblaient positionnés en file indienne. Un tel comportement collectif, incroyablement complexe, est rarement observé à cette époque.
Les trilobites étant aveugles, les chercheurs soupçonnent qu’ils utilisaient les épines pygidiales de leurs corps pour rester en contact les uns avec les autres, probablement pour migrer ensemble.
Un comportement qui rappelle un peu celui du homard épineux moderne, dans les Caraïbes, souligne le chercheur. « Ces créatures font la queue pour se diriger vers les eaux calmes pendant les mois de tempête, reposant leurs antennes les unes sur les autres lors de leurs déplacements ».

Une mort rapide
L’analyse des roches situées autour de ces fossiles a également révélé des traces de dépôts témoignant qu’une violente tempête avait eu lieu. Ce qui laisse à penser que ces petites créatures se sont retrouvées ensevelies sous une avalanche de sédiments. Tout s’est probablement passé très vite – en témoigne l’absence de lutte.
Confinés dans cet environnement pauvre en oxygène, les tribolites seraient morts assez rapidement, avant de se fossiliser ensemble « pour toujours ».
Il est tout de même très intéressant d’imaginer que lorsque nous faisons la queue au supermarché ou au cinéma, nous expérimentons un comportement collectif déjà à l’œuvre il y a près d’un demi-milliard d’années.
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