Ces méduses des Caraïbes vivent peut-être accrochées au fond des lagons et des mangroves, ça ne les empêche pas de vous « piquer » pour autant. Mais alors, comment font-elles ?
Celles et ceux qui ont déjà nagé dans les écosystèmes subtropicaux ont peut-être déjà ressenti cette sensation de brûlure et de démangeaisons après une plongée. Des milliers de cas ont été rapportés au cours de ces dernières décennies, mais aucun sujet n’indiquait avoir été en contact avec la moindre créature. Du moins, pas à leur connaissance. Ce phénomène de « l’eau piquante » a longtemps interrogé les scientifiques.
Une récente étude a finalement réussi à isoler les coupables : des méduses trompeusement placides appelées Cassiopea xamachana. Ces dernières, qui reposent « à l’envers » sur les fonds marins, n’ont peut-être pas de grands tentacules, mais elles ont le pouvoir d’empoisonner les eaux environnantes avec du mucus.
Des « grenades urticantes »
Nous savons depuis longtemps que ces méduses lâchent parfois du mucus lorsqu’elles ont faim ou qu’elles sont excitées. Il a par ailleurs déjà été suggéré que ces sécrétions pouvaient être à l’origine des irritations ressenties par les plongeurs. Mais jusqu’à présent, et de manière assez surprenante, elles n’avaient jamais fait l’objet d’études approfondies.
Une équipe de chercheurs du Musée national d’histoire naturelle du Smithsonian, de l’Université du Kansas et du US Naval Research Laboratory (États-Unis) s’est donc récemment penchée sur le sujet.
Après avoir examiné le mucus au microscope, les chercheurs ont alors constaté que les panaches expulsés par les méduses sont en réalité constitués de minuscules sphères enrobées de nématocystes, ces mêmes cellules urticantes présentes sur les tentacules des méduses plus traditionnelles.
Dans une expérience de laboratoire, les chercheurs ont également découvert que ces petites sphères – surnommées cassiosomes par les chercheurs – sont capables de neutraliser les crevettes de saumure. Ce qui prouve que les méduses libèrent leur mucus pour assommer les proies avant de les consommer.
« Cette découverte a été à la fois une surprise et une résolution tant attendue du mystère de « l’eau piquante » », a déclaré la biologiste Cheryl Ames. Professeure à l’Université du Tōhoku (Japon), elle a d’ailleurs elle-même déjà expérimenté ce type de douleurs dans les eaux du Panama. « Nous pouvons maintenant faire savoir aux nageurs que ce phénomène est causé par des méduses retrouvées au fond de l’eau ».

Une relation symbiotique
Ces méduses sédentaires se tiennent généralement à l’envers pour exposer de petites algues appelées zooxanthelles, présentes entre leurs tentacules.
Ces algues fournissent leurs excès de nutriments produits à la méduse. Celle-ci peut également compléter son régime avec des organismes planctoniques, capturés grâce à ses petits bras. Ou, comme on vient de le voir, avec des organismes un peu plus gros grâce à son mucus.
En échange, les algues se nourrissent du dioxyde de carbone libéré par la méduse. Il y a donc entre les deux espèces une véritable relation symbiotique.
Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Nature Communications Biology.
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