Ces inventions étonnantes tombées dans l’oubli

Créé en 1922, l’Office national des recherches scientifiques, industrielles, agricoles et des inventions (remplacé en 1938 par Centre national de la recherche scientifique appliquée) avait dans ses tiroirs des projets assez incroyables, brillants mais souvent abandonnés. Voici ce que les savants de l’entre-deux-guerres avaient à l’esprit.

Les trottoirs roulants de Paris

Les trottoirs roulants existent à Paris, que ce soit à Montparnasse ou aux Halles, mais ce que les Parisiens savent moins, c’est qu’il y a plus d’un siècle, cette invention avait failli complètement transformer l’espace urbain de la capitale. L’Exposition universelle de 1900 avait présenté des inventions, et parmi elles, la « plateforme mobile » issue du procédé de « locomotion à planchers mobiles avec traction par moteur fixe » déposé en 1880 par Dalifol.

« Durant l’après-midi du jour de Pâques, elle a transporté 70.000 personnes, alors que les lignes d’omnibus ou de tramways les plus fréquentées ne transportent guère qu’une quarantaine de milliers de voyageurs par jour » expliquait un correspondant de La Revue scientifique le 26 mai 1900.

Cette invention fut à l’origine des trottoirs roulants actuels, visibles à Paris mais également dans de nombreux aéroports.

Le bateau à hélice à mobilité en vent contraire

En 1910, un certain Constantin, inventeur dont l’identité reste floue, avait créé ce qu’avait qualifié l’Office des inventions de « petit chariot qui, mû par une petite turbine aérienne placée à l’avant, avançait contre le vent ». Aussi fou que cela puisse paraitre, il s’agissait d’utiliser le vent pour avancer contre le vent !

Ce procédé, repris par l’inventeur Jules-Louis Breton et le notaire Alphonse Dalloz, a ensuite été adapté pour la propulsion de bateaux. Le processus était pourtant simple sur le papier : le vent de face s’immisce dans une turbine, cette dernière faisant tourner une grande hélice capable de faire avancer le navire. Une démonstration en 1921 avait étonné la foule :

« Le bateau, ainsi équipé, s’est montré d’une souplesse admirable de manœuvres ; un seul homme suffit à le conduire entre Sèvres et Saint-Cloud, au milieu de la navigation active du fleuve, malgré le courant de la Seine » avait déclaré Alphonse Dalloz.

La détection militaire acoustique

Bien avant l’apparition des radars, le célèbre physicien français Paul Langevin avait conçu, pendant la Première Guerre mondiale, le sonar, afin de repérer les sous-marins. À partir du 1935, il y eut des recherches ayant pour but le repérage acoustique des avions et des troupes militaires en mouvement.

Le volume imposant de certaines de ces inventions témoignait de leur amateurisme, immortalisé par ces « grandes oreilles » (ci-dessous) issues de l’élan de recherches imputé au réarmement allemand précédant la Seconde Guerre mondiale.

Les voitures au gazogène

Le gazogène, procédé nécessitant l’emploi de combustible solide carboné (bois, charbon de bois) dans la création d’un « gaz pauvre » permettant le fonctionnement d’un moteur, existait déjà en 1800 dans l’industrie (fonderies). Un siècle plus tard, ce procédé est appliqué aux transports.

« On donne ce nom de gaz pauvre aux gaz provenant de la distillation et de la combustion incomplète en vase clos de substances combustibles sur lesquelles on amène un courant d’air soit sec, soit humide si ce combustible est naturellement dépourvu d’eau » expliquait Gabriel Koenigs, qui siégeait à l’époque à la section de mécanique de l’Académie des sciences.

Ainsi sont nés les premiers camions Berliet, au nombre de quatre, puis d’autres véhicules fabriqués par Panhard ou encore Renault . Malheureusement, le gazogène, porté durant des années par l’état, a été oublié à cause de la crise de la filière du bois mais également par rapport à ses défauts : encombrement des véhicules et nécessité de quantités astronomiques de combustible pour un rendement moteur assez faible.

Sources : Futura Sciences

Crédit images : CNRS Photothèque / Fonds historique