Cinq pesticides, dont l’un des plus utilisés au monde ont été classés vendredi dernier cancérigènes «probables» ou «possibles» par l’Iarc, l’agence du cancer de l’Organisation mondiale de la santé. L’un d’entre eux est le glyphosate, le pesticide le plus utilisé au monde qui entre dans la composition du Roundup, produit par Monsanto.
Les pesticides, largement utilisés par les agriculteurs du monde entier, ne sont pas bons pour notre santé. Bien sur que nous le savions déjà, mais une grande enquête du Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé vient renforcer ces certitudes. En effet, L’herbicide glyphosate, l’un des plus utilisés dans le monde, et les insecticides malathion et diazinon ont été classés cancérogènes « probables chez l’homme », même si les « preuves sont limitées », selon l’Agence internationale de recherche sur le cancer (Iarc).
Si la classification de l’Iarc ne présente aucun caractère contraignant pour les États, « il revient aux gouvernements et aux autres organisations internationales de recommander des réglementations, des législations ou des interventions de santé publique« , rappelle l’agence, renvoyant les institutions face à leurs responsabilités.
Le glyphosate, l’herbicide le plus utilisé
Le glyphosate est l’herbicide dont la production est la plus importante en volume dans le monde. Elle rentre dans la composition de produits aussi célèbres que le fameux Roundup de Monsanto. Le marché de ces herbicides représentait plus de 6.5 milliards de dollars en 2010 avec une perspective de doublement en 2017 car les désherbants à base de glyphosate sont utilisés en quantités toujours plus importantes dans les pays autorisant les cultures OGM, dont environ 80% sont des plantes modifiées pour pouvoir supporter les traitements herbicides à base de glyphosate.
L’Iarc indique également s’être appuyée sur des travaux menés notamment aux États-Unis et au Canada, ainsi que sur des animaux en laboratoires. Ainsi, l’agence américaine de protection de l’environnement avait, en 1985 classée le glyphosate comme « cancérogène possible chez l’homme » avant de se rétracter en 1991.
Bien entendu, la multinationale Monsanto a contesté les résultats de l’Iarc. Pour eux, le classement de l’IARC n’a pas établi de lien entre le glyphosate et un risque accru de cancer et rappelle que l’Iarc, dans le passé, avait classé dans les « cancérogènes probables » des produits comme le café ou les téléphones portables.
Alors que faut-il faire et surtout que peut-on manger sans s’intoxiquer ?
À l’heure où la viande et les légumes sont « optimisés » pour satisfaire la demande toujours grandissante de nourriture dans le monde, mais également pour renflouer les poches déjà bien remplies des patrons de l’agro-alimentaire, il faut maintenant s’interroger sur le problème de la santé publique. Au-delà des conséquences directes de l’utilisation massive des pesticides dans nos champs sur notre santé, n’oublions pas son impact sur l’environnement. Les pesticides, une fois pulvérisés, finissent leur triste course dans les nappes phréatiques déjà mal en point. Nous ne pouvons malheureusement pas tous nous permettre de cultiver notre propre nourriture. Il faut donc changer nos habitudes en matière d’agriculture et demander aux pouvoirs publics de prendre les mesures adéquates pour réduire voire interdire dans le futur l’utilisation des désherbants contenant du glyphosate. Notre santé est en jeu.
L’association Générations Futures vient d’« écrire à toutes les jardineries pour leur demander de prendre des mesures d’anticipations d’interdiction et de retirer de leurs rayons ces herbicides dangereux », après s’être saisie du classement de l’Iarc. Les dirigeants ont également lancé une pétition allant dans ce sens.
Sources : The Lancet, Communiqué de l’IARC