Le cerveau humain reste l’un des organes les plus énigmatiques de tout le règne animal. Très avancé et complexe, il défie constamment nos tentatives de compréhension. Même sa taille, un élément fondamental, cache encore bien des secrets. Des théories récentes, alimentées par l’idée que la taille corporelle humaine diminue, suggèrent en effet que son volume pourrait être en déclin. Pourtant, une nouvelle étude vient éclairer ce débat avec des résultats surprenants : sur des échelles de temps plus courtes, le cerveau humain s’agrandit.
L’évolution cérébrale sur plusieurs décennies
Les chercheurs ont entrepris cette étude pour explorer les changements dans la taille du cerveau humain au fil des décennies. Leur objectif principal était de déterminer si la taille du cerveau avait augmenté ou non entre les personnes nées dans les années 1930 et celles nées dans les années 1970, et ce, pour plusieurs raisons. D’une part, cette période couvre une ample étendue de temps qui permet de capturer d’éventuels changements générationnels. D’autre part, les décennies entre les années 1930 et 1970 ont été marquées par des transformations significatives dans les sociétés occidentales, notamment des progrès en matière de soins de santé et d’éducation, ainsi que des changements dans le mode de vie et l’environnement.
En comparant les cohortes nées à des moments clés de ces évolutions, les chercheurs espéraient ainsi détecter des tendances dans l’évolution de la taille du cerveau et son lien avec de tels changements. L’analyse des chercheurs a ici porté sur des mesures telles que le volume total du cerveau, la superficie corticale et la taille de structures spécifiques comme l’hippocampe, une région importante pour la mémoire et l’apprentissage.

L’évolution du cerveau et les impacts sociaux
Bien que certaines limitations subsistent, telles que le manque de participants non blancs, les résultats sont frappants. Les analyses ont en effet révélé une augmentation de la taille du cerveau entre les deux groupes de personnes étudiées de 6,6% en moyenne. Cette augmentation était perceptible en termes de volume global du cerveau ainsi que dans la superficie corticale, la partie externe du cerveau impliquée dans les fonctions cognitives supérieures. De plus, des augmentations spécifiques ont été observées dans des structures clés comme l’hippocampe.
Les chercheurs ont également évoqué le rôle potentiel des améliorations dans les soins de santé et les opportunités éducatives sur cette augmentation de la taille du cerveau. Ils suggèrent en effet que l’accès à des soins de santé de meilleure qualité et à une éducation plus étendue pourrait avoir favorisé le développement cérébral optimal chez les individus nés dans les années 1970 par rapport à ceux nés dans les années 1930.
De plus, les chercheurs ont avancé l’hypothèse que cette augmentation de la taille du cerveau pourrait jouer un rôle dans la diminution de l’incidence de la démence observée au fil du temps. Aux États-Unis du moins, l’incidence globale de cette affection aurait en effet baissé de 20% depuis les années 1970.
Selon les auteurs, des cerveaux plus gros pourraient alors offrir une sorte de « tampon » contre les effets débilitants des maladies cérébrales telles que la maladie d’Alzheimer, prolongeant ainsi la santé cognitive chez les individus plus âgés.
Ainsi, une fois de plus, le cerveau humain démontre sa capacité à surprendre et à défier nos attentes. Ces découvertes soulignent en effet l’importance de prendre en compte les influences environnementales et sociales dans notre compréhension de cet organe extraordinaire.
Les détails de l’étude sont publiés dans la revue JAMA Neurology.