Certains microbes permettent de sauver des oeuvres d’art !

basilique florence san lorenzo
Crédits : Teo Pollastrini / Wikipedia

En Italie, des conservateurs ont utilisĂ© un procĂ©dĂ© inattendu pour faire retrouver leur Ă©clat d’antan Ă  des Å“uvres d’art. Il s’agit de bactĂ©ries mangeuses de graisse et de phosphate. Celles-ci ont Ă©tĂ© sectionnĂ©es soigneusement afin d’écarter les microbes potentiellement dangereux.

Des bactĂ©ries pour restaurer des Å“uvres

La basilique de San Lorenzo Ă  Florence (Italie) est l’un des principaux lieux de culte de la ville. Bien que celle-ci possède le titre de basilique mineure, elle abrite des Å“uvres et autres constructions d’artistes de renom comme Michel-Ange, Verrocchio, Donatello ou encore Filippo Lippi. Parmi ces Å“uvres se trouvent les tombeaux des MĂ©dicis oĂ¹ reposent les corps du duc d’Urbain, de Laurent II de MĂ©dicis et de Julien de MĂ©dicis, le duc de Nemours. SculptĂ©s par  Michel-Ange, ces tombeaux Ă©taient abimĂ©s par des dĂ©colorations et autres tĂ¢ches depuis plusieurs siècles. La raison se trouve dans la dĂ©composition des corps ainsi qu’à l’utilisation de moulures de plĂ¢tre pour les reproductions.

Les conservateurs ont fait d’immenses efforts pour faire en sorte que le marbre retrouve son Ă©clat d’antan. Malheureusement, certaines tĂ¢ches Ă©taient impossibles Ă  enlever. Ainsi, ils ont eu recours Ă  une autre solution plutĂ´t surprenante, Ă  savoir l’utilisation de bactĂ©ries. Il s’agit d’une espèce en particulier : Serratia filaria (SH7), connue pour se nourrir de graisse et de phosphate.

Comme l’explique le New York Times dans un article du 30 mai 2021, les conservateurs ont enduit les statues d’un gel à base de SH7 ce qui a permis une restauration quasi parfaite. La bactérie en question a fait l’objet d’une sélection parmi un millier de souches pour son efficacité contre la décomposition et son innocuité pour les sculptures ainsi que l’environnement. En revanche, les conservateurs avaient rapidement écarté les souches contenant des spores potentiellement dangereux pour la santé.

crypte basilique Florence
Crédits : Sailko/Wikipedia

Une technique déjà vue par le passé

Il faut dire que de nombreux micro-organismes sont nuisibles aux statues et autres Å“uvres, si bien qu’utiliser des bactĂ©ries dans le cadre d’une restauration peut Ăªtre contre-productif, voire mĂªme très risquĂ©. Citons l’exemple de la cathĂ©drale Velha de Coimbra (Portugal), dont les murs sont littĂ©ralement rongĂ©s par un genre de champignon noir mystĂ©rieux. Par ailleurs, les micro-organismes favorisent gĂ©nĂ©ralement le brunissement des vitraux et dĂ©gradent les peintures – des champignons qui s’attaquent aux pigments et font disparaĂ®tre la couleur.

Néanmoins, comme le montre la récente restauration à Florence, certains micro-organismes sont bénéfiques. Cependant, d’autres exemples existent. En 2018, une étude en microbiologie de l’Université de Ferrare (Italie) détaillait une opération très intéressante sur Le Couronnement de la Vierge de Rubens (1620). La microbiologiste Elisabetta Caselli avait utilisé un biocomposé contenant des spores de trois espèces de bacilles (subtilis, pumilus et megatherium) afin de contrecarrer les actions néfastes d’autres micro-organismes.

Cirons également le travail de restaurateurs de l’Université polytechnique de Valence (Espagne). En 2013, ceux-ci ont nettoyé des fresques ayant subi les aléas du temps à l’aide d’un gel à basse de bactéries du genre Pseudomonas. Celles-ci ont la propriété de décontaminer des lieux touchés par des pollutions aux hydrocarbures. Les restaurateurs avaient enduit les fresques et laissé agir seulement une heure et demie avant un nettoyage puis un séchage, pour un résultat incroyable. Les bactéries avaient tout simplement éliminé quatre siècles de crasse.