Certains humains ont évolué génétiquement pour devenir des plongeurs d’élite !

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De nouvelles preuves génétiques suggèrent que les membres d’une population indigène du sud-est de l’Asie ont littéralement évolué pour devenir de véritables plongeurs d’élite.

Quand un humain est submergé dans l’eau, en quelques secondes le corps commence à s’ajuster par réflexe. La fréquence cardiaque ralentit; les vaisseaux sanguins dans les extrémités se resserrent, détournant le flux sanguin vers les organes vitaux. Et, cruciale, la rate se contracte, expulsant une précieuse réserve de globules rouges oxygénés dans le sang. Tout cela prolonge le temps que nous pouvons plonger sans haleter. Une nouvelle étude suggère que certaines populations vivant au bord des mer ont néanmoins évolué au cours de milliers d’années pour repousser encore plus loin les limites de plongée typiques.

Des changements génétiques ont en effet permis à une population d’Asie du Sud-Est, le peuple Bajau en Indonésie, de produire des rates de plus grande taille capables d’améliorer leurs capacités de respiration, révèle une étude, qui compare ces adaptations évolutionnaires à celles qui ont permis aux Tibétains de prospérer à haute altitude.

La nouvelle étude se porte sur les « Nomades de la mer », une population indigène que vous retrouverez dans les îles et sur les littoraux de l’Asie du Sud-Est. « Traditionnellement, ils vivent sur des bateaux-maisons et ne viennent sur la terre ferme que de temps en temps« , explique Melissa Ilardo, chercheur postdoctoral à l’Université de l’Utah et principale auteure de l’étude. « Ils ont la réputation d’être des plongeurs incroyables; je suis allé plonger avec eux, et leurs capacités sont tout simplement irréelles« .

Certains individus aux Philippines, en Malaisie et en Indonésie parviennent en effet à retenir leur respiration pendant plus de cinq minutes lorsqu’ils chassent du poisson ou des crustacés. En comparaison, les gens moyens peuvent être en mesure de rester sous l’eau pendant une à deux minutes, et les plongeurs libres de classe mondiale peuvent retenir leur souffle dans un environnement compétitif pendant trois minutes ou près de quatre minutes et demie.

Melissa Ilardo, généticienne évolutionniste, a récemment séquencé le génome de ces individus dans le but de comprendre ces capacités extraordinaires. Elle a également mesuré la taille de leurs rates. Une plus grande rate peut stocker de plus grandes quantités de globules rouges oxygénés, permettant aux plongeurs de rester submergés plus longtemps. Il s’avère effectivement que les « Nomades de la mer » ont une rate plus grosse que la moyenne, environ « 50% plus grande« . Les chercheurs ont ensuite scruté le génome des individus à la recherche de signes de sélection naturelle et ont trouvé 25 variantes de gènes qui semblaient uniques à cette population. En croisant les gènes impliqués, ils ont alors découvert que certains d’entre eux semblent être liés à la respiration et à la privation d’oxygène.

L’un des gènes identifiés par l’équipe s’appelle PDE10A. « Nous savons que ce gène contrôle les niveaux d’hormones thyroïdiennes », notent les chercheurs. Deux autres gènes sont également ressortis : BDKRB2, qui contrôle la constriction des vaisseaux sanguins dans les extrémités, et FAM178B, qui aide à réguler l’équilibre du dioxyde de carbone dans le sang. Les deux pourraient être importants pour la conservation de l’oxygène et la capacité de respiration sous l’eau, selon les chercheurs.

« La nouvelle étude offre un exemple éblouissant de la diversité génétique humaine et de l’adaptation à l’environnement sous-marin », explique Anna Di Rienzo, généticienne à l’Université de Chicago qui n’a pas participé à la recherche.

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