Dans l’immensité de l’Univers, une question fondamentale persiste : sommes-nous les seuls êtres capables de pensée et d’innovation ? Certains scientifiques pensent que loin d’être une simple invention humaine, l’intelligence artificielle pourrait être une étape naturelle dans l’évolution de toute civilisation avancée. Et si dans d’autres coins du cosmos, des civilisations extraterrestres avaient elles aussi développé des formes d’IA ? Cette perspective soulève de nombreuses interrogations : quel rôle l’IA pourrait-elle jouer dans notre recherche de la vie extraterrestre ? Et si l’intelligence artificielle était la clé pour découvrir et interagir avec ces civilisations lointaines ?
L’équation de Drake : peut-on vraiment imaginer des civilisations extraterrestres ?
Avant de plonger dans le rôle potentiel de l’intelligence artificielle chez les extraterrestres, il est important de rappeler un concept clé dans l’astronomie et la recherche de vie : l’équation de Drake. Formulée dans les années 1960 par l’astronome Frank Drake, cette équation cherche à estimer le nombre de civilisations intelligentes capables de communiquer dans notre galaxie, la Voie lactée. Elle prend en compte différents facteurs, tels que le taux de formation des étoiles, la proportion d’étoiles qui possèdent des planètes habitables et la durée de vie des civilisations avancées. Cette équation permet ainsi de poser une estimation du nombre de sociétés extraterrestres intelligentes avec lesquelles nous pourrions entrer en contact.
Au fil des années, des chercheurs ont suggéré qu’il serait non seulement plausible, mais presque inévitable que la vie intelligente se soit développée à plusieurs reprises dans l’histoire de l’Univers, qui s’étend sur 13,8 milliards d’années. En effet, des calculs ont révélé qu’il pourrait y avoir jusqu’à 12 500 civilisations intelligentes rien que dans notre propre galaxie.
L’intelligence artificielle : un passage inévitable
Si de telles civilisations existent, il est raisonnable de penser qu’elles ont traversé une évolution technologique semblable à la nôtre. Et de la même manière que l’humanité a développé des outils pour améliorer ses capacités cognitives et résoudre des problèmes complexes, ces civilisations extraterrestres pourraient elles aussi avoir inventé des formes d’intelligence artificielle.
L’intelligence artificielle pourrait ainsi représenter une étape naturelle dans l’évolution de sociétés technologiquement avancées. Elle permettrait d’accélérer le traitement de l’information, d’augmenter les capacités cognitives et de résoudre des défis de plus en plus complexes. L’IA pourrait non seulement accompagner l’évolution des civilisations intelligentes, mais aussi devenir essentielle pour leur survie et leur expansion. Dans ce contexte, il serait tout à fait logique qu’elle soit présente dans le développement des civilisations extraterrestres, tout comme elle l’est dans notre propre société.
C’est en tout cas la conviction de Steven Dick, l’ancien historien en chef de la NASA. Selon lui, toute civilisation désireuse de progresser culturellement et technologiquement finirait par développer l’intelligence artificielle. Le processus serait similaire à notre propre histoire : l’humanité a progressivement cherché à augmenter ses capacités, d’abord à travers les outils physiques, puis grâce à des avancées technologiques, dont l’IA.
Une vie post-biologique
Une question se pose : et si, après des millions d’années d’évolution, l’intelligence artificielle devenait l’élément central de la civilisation, au point de remplacer les formes de vie biologiques ? Une civilisation pourrait alors intégrer l’IA directement dans ses corps ou même totalement se détacher de la biologie, se transformant en une forme de vie post-biologique.
Une civilisation extraterrestre pourrait donc devenir une sorte de super-intelligence entièrement numérique. Ce concept de vie post-biologique est fascinant et soulève de nombreuses questions : comment une civilisation basée sur l’IA interagirait-elle avec la biologie ? Serait-elle complètement dépourvue des contraintes physiques qui affectent les êtres vivants ?
L’idée que l’IA pourrait un jour surpasser l’humanité et même se débarrasser de nous est un sujet de réflexion pour de nombreux scientifiques et philosophes. Les théoriciens de l’IA, comme Seth Shostak de l’Institut SETI, suggèrent qu’une intelligence artificielle extrêmement avancée pourrait décider que les formes de vie biologique, comme les humains, ne sont plus nécessaires. Cela soulève des préoccupations sur les risques de l’IA dans notre propre civilisation, mais également sur la possibilité que ce scénario ait déjà eu lieu ailleurs dans l’Univers.
Comment les détecter ?
Une autre grande question se pose : comment pourrions-nous détecter ces civilisations post-biologiques ? Traditionnellement, la recherche de signes de vie extraterrestre repose sur la détection de signaux radio, mais ces civilisations pourraient utiliser des moyens de communication bien différents, comme les ondes gravitationnelles ou la manipulation de la matière noire.
Un des projets qui illustre cette nouvelle manière de penser est METI ou Messages to Extra-Terrestrial Intelligence. L’idée de METI est d’envoyer des messages vers des civilisations extraterrestres à l’aide de modèles de langage à grande échelle qui sont eux-mêmes des formes d’intelligence artificielle. Ces modèles, qui peuvent traiter et structurer l’information de manière extrêmement sophistiquée, ont un potentiel important pour créer des messages complexes, clairs et significatifs qui pourraient être compris par des intelligences non humaines.
Cette approche repose également sur l’idée que les civilisations extraterrestres qui ont développé une IA seraient capables de comprendre des messages traités par des systèmes similaires ou du moins de décoder des modèles mathématiques et logiques présents dans les messages. L’utilisation de l’IA dans METI permettrait ainsi de concevoir des messages non seulement dans des formats compréhensibles, mais aussi dans des langages et codes qui transcendent les barrières culturelles ou biologiques, ce qui augmenterait ainsi nos chances de réussir cette communication interstellaire.