Certains dinosaures couvaient leurs oeufs comme des oiseaux

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Comment les dinosaures couvaient-ils leurs œufs ? Un procédé géochimique mis au point pour déterminer la méthode d’incubation des oviraptorosaures met au jour des similitudes entre cette espèce éteinte de dinosaures et les oiseaux actuels.

Depuis longtemps, les scientifiques s’interrogent sur la façon dont les différentes espèces de dinosaures couvaient leurs œufs. Les enterraient-ils ? Les recouvraient-ils ? Ou bien encore, les couvaient-ils comme des oiseaux ? Des chercheurs français et chinois ont récemment mis au point une méthode inédite pour faire la lumière sur les pratiques de couvaison de certains dinosaures.

Jusqu’ici, les scientifiques s’appuyaient sur des indices indirects tels que la morphologie des coquilles d’œufs et leur disposition dans les nids pour comprendre les stratégies de chaque espèce. Pour tenter d’y voir un peu plus clair, une équipe franco-chinoise a développé une nouvelle technique pour déterminer la source de chaleur utilisée par certains dinosaures pour incuber les œufs basée sur le calcul de la température d’incubation elle-même.

Les chercheurs expliquent que la température peut être calculée grâce à la relation existant entre les compositions isotopiques de l’oxygène contenu dans les os de l’embryon et les fluides de l’œuf à partir desquels ces os se sont formés. Ils ont alors eu l’idée de mesurer la composition isotopique de l’oxygène des os d’embryons préservés dans sept œufs d’oviraptorosaures provenant de la province de Jiangxi au sud-est de la Chine et datés d’environ 70 millions d’années.

Les Oviraptorosaures forment un groupe de dinosaures théropodes éteints proches des oiseaux. Ils vivaient en Amérique du Nord et en Asie et ont disparu au cours de l’extinction du Crétacé il y a environ 66 millions d’années. Imaginez une sorte de gigantesque oiseau long de deux mètres, recouvert de plumes et au bec légèrement aplati. Un certain nombre de spécimens ont été découverts dans une position de nidification semblable à celle des oiseaux modernes. Les bras de ces spécimens étaient positionnés de telle manière qu’ils pouvaient parfaitement recouvrir leurs œufs. Mais était-ce vraiment le cas ?

Œufs d’oviraptorosaure datant du Crétacé supérieur retrouvés dans la province du Jiangxi, en Chine (échelle = 1 cm). Crédits : R. AMIOT via le CNRS.

En analysant au spectromètre de masse la composition isotopique de fragments de coquille, les chercheurs ont pu déterminer celle des os d’embryon et du liquide des os d’embryons préservés (le liquide contenu dans l’œuf produit par la mère a également servi à former la coquille). Une fois que tous ces éléments ont été obtenus, ils ont alors pu déterminer la température d’incubation. Selon le modèle établi à partir des données de l’étude, les oviraptosaures maintenaient leurs œufs à une température comprise entre 35 et 40 °C, une température qui ne pouvait être maintenue que par la couvaison des parents dinosaures. C’est aujourd’hui encore le cas avec les oiseaux modernes.

Les spécialistes ne comptent pas s’arrêter là, s’intéressant maintenant aux sauropodomorphes, un groupe de dinosaures à long cou et longue queue comme le célèbre diplodocus. Le gabarit n’est ici plus le même puisque l’on passe de plusieurs dizaines de kilos pour notre oviraptosaure à plusieurs dizaines de tonnes pour le diplodocus qui marchait sur quatre pattes contrairement au premier. On l’imagine alors difficilement se couchant sur ses œufs pour les couver.

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