Le CERN suspend sa future collaboration de recherche avec la Russie

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Crédits : Maximilien Brice

L’Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN) n’entamera pas de nouvelles collaborations avec des institutions scientifiques russes. Cette annonce fait suite à une demande des scientifiques ukrainiens de mettre fin aux partenariats avec des institutions scientifiques russes en réponse à l’invasion militaire de leur pays.

Le CERN est le plus grand centre de physique des particules du monde. Situé à quelques kilomètres de Genève, en Suisse, à cheval sur la frontière franco-suisse, il exploite le célèbre Grand collisionneur de hadrons, le plus grand accélérateur de particules du monde. Depuis près de soixante-dix ans, ce laboratoire sert de pont culturel entre l’Orient et l’Occident. Toutefois, ce lien, qui a pourtant survécu à la guerre froide, se tend visiblement face aux lourdes répercussions de la guerre en Ukraine.

Le CERN compte en effet 23 États membres et 7 États membres associés, dont l’Ukraine fait partie. Il y a quelques jours, les scientifiques ukrainiens ont demandé au CERN de mettre fin à sa coopération avec les institutions scientifiques russes en réponse à l’invasion de leur pays par Moscou fin février. Notez que la Russie n’est pas un membre officiel de l’organisation. Malgré tout, les scientifiques russes représentent environ 8% du personnel du CERN (environ mille personnes).

Une suspension exceptionnelle

Le conseil, qui a examiné la demande lors d’une réunion tenue ce mardi 8 mars, a finalement accepté. Le statut « d’observateur » de la Russie (les États-Unis détiennent le même niveau d’adhésion) est donc suspendu temporairement.

« Les 23 États membres du CERN condamnent avec la plus grande fermeté l’invasion militaire de l’Ukraine par la Fédération de Russie et déplorent les pertes en vies humaines et l’impact humanitaire qui en résultent« , note le Conseil dans un communiqué. « Profondément touchés par les conséquences généralisées et tragiques de l’agression, la direction et le personnel du CERN, ainsi que la communauté scientifique des États membres, s’efforcent de contribuer à l’effort humanitaire en Ukraine et d’aider la communauté ukrainienne au CERN. »

Le conseil assure que la situation continuera d’être surveillée attentivement et se dit « prêt à prendre toute autre mesure, le cas échéant, lors de ses futures réunions« .

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Le LHC, le plus grand accélérateur de particules du monde situé sous la frontière franco-suisse. Crédits : Wikimedia Commons/CERN

Cette situation est tout à fait exceptionnelle. Rappelons en effet que le CERN n’avait pas expulsé les scientifiques russes suite à l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’Union soviétique en 1968 ou de l’Afghanistan en 1979.

Expulser les chercheurs russes du CERN pourrait cependant s’avérer compliqué. Leur départ soudain pourrait en effet empêcher le laboratoire de fonctionner. Si la Russie n’est qu’un pays observateur qui ne paie aucune cotisation, elle contribue cependant de manière significative à des expériences spécifiques, tout comme les États-Unis.