Une révolution en physique : des quarks top créés au CERN pour la première fois

observation de quarks top créés lors d'une collision entre des atomes de plomb
Crédits : Peter Hansen/istock

Pour la première fois, des scientifiques ont réussi à observer des quarks top, des particules fondamentales ultrarapides et instables créées dans un laboratoire sur Terre. Cette découverte majeure, annoncée par la collaboration ATLAS du Grand collisionneur de hadrons (LHC), marque un tournant dans notre compréhension de la matière et des premières secondes de l’Univers. 

Qu’est-ce qu’un quark top ?

Les quarks sont des particules élémentaires qui composent la matière. Ce sont les briques des protons et des neutrons qui à leur tour forment les noyaux des atomes. Il existe six types de quarks différents, appelés « up », « down », « charm », « strange », « top » et « bottom ». Ces particules sont tenues ensemble par des forces fondamentales, notamment la force nucléaire forte, médiée par une autre particule appelée gluon.

Le quark top est particulier pour plusieurs raisons. D’abord, c’est le plus lourd de tous les quarks. Bien qu’il soit à peine plus massif qu’un proton, il est bien plus difficile à étudier en raison de sa nature instable. En effet, le quark top se désintègre extrêmement rapidement (en seulement 5×10^-25 secondes), un laps de temps si court qu’il est presque impossible à mesurer avec nos instruments. Cette instabilité fait du quark top une particule difficile à observer dans la nature, d’où l’importance de l’observation effectuée au LHC.

Le LHC et les collisions d’ions plomb

Le LHC est le plus grand accélérateur de particules du monde, situé au CERN, en Suisse. Cet immense accélérateur permet de faire entrer en collision des particules à des vitesses proches de celle de la lumière, recréant ainsi des conditions extrêmes similaires à celles qui existaient juste après le Big Bang. Une des expériences menées au LHC consiste à faire entrer en collision des ions plomb, des noyaux d’atomes de plomb extrêmement énergétiques. Ces collisions provoquent des températures et des pressions similaires à celles de l’Univers primitif, permettant aux scientifiques de simuler le plasma quark-gluon, un état de la matière qui a existé dans les premières fractions de seconde après le Big Bang.

Ce plasma est une soupe chaotique de quarks et de gluons, dans laquelle les quarks ne sont pas liés pour former des protons et des neutrons, mais flottent librement. L’observation de particules comme le quark top dans ce contexte est cruciale, car elle nous permet de comprendre comment les quarks et les gluons interagissent dans ces conditions extrêmes et comment l’Univers a évolué à ses débuts.

observation de quarks top créés lors d'une collision entre des atomes de plomb
Collision de particules dans le collisionneur de hadrons. Crédits : vchal/iStock

Pourquoi cette découverte est-elle révolutionnaire ?

L’un des aspects les plus fascinants de cette découverte est le rôle du quark top en tant que marqueur temporel dans l’étude du plasma quark-gluon. Étant donné que les quarks top se désintègrent très rapidement, les scientifiques peuvent utiliser ces désintégrations pour étudier l’évolution du plasma lui-même. Chaque quark top observé dans ces collisions d’ions plomb peut alors donner des informations sur les conditions qui régnaient à un moment donné dans ce plasma primitif.

L’observation du quark top offre également une opportunité unique pour explorer l’intérieur des protons et des neutrons, les composants des noyaux atomiques. En étudiant comment l’impulsion (ou vitesse) est distribuée entre les quarks et les gluons dans ces particules, les chercheurs espèrent mieux comprendre les propriétés fondamentales de la matière et de l’énergie dans l’Univers.

Une fenêtre vers l’infiniment petit et l’infiniment grand

L’observation des quarks top n’est pas simplement un exploit technologique. Elle permet aussi de pousser notre compréhension de la matière et des forces qui régissent l’Univers à un niveau inégalé. En étudiant des particules aussi fondamentales, les chercheurs espèrent résoudre certaines des grandes questions de la physique moderne : comment les forces fondamentales interagissent-elles ? Quelles sont les propriétés des particules qui composent les atomes et les noyaux ?

Les résultats de cette expérience pourraient également aider à explorer des phénomènes encore plus complexes, comme la nature de la matière noire ou de l’énergie noire, des éléments mystérieux qui constituent une grande partie de l’Univers, mais qui échappent encore à notre compréhension.

Les prochaines étapes de la recherche

Les scientifiques impliqués dans cette découverte se préparent déjà à approfondir cette recherche. L’observation du quark top est une étape clé, mais ce n’est que le début. Dans les années à venir, de nouvelles expériences permettront d’étudier plus en détail les désintégrations des quarks top et de leurs produits, comme le boson W, un médiateur de la force nucléaire faible. Ces études permettront de mieux comprendre non seulement les propriétés de la matière, mais aussi les premiers instants de l’Univers.

En somme, l’observation des quarks top au LHC marque un jalon majeur dans la physique des particules. En nous permettant d’observer des phénomènes aussi extrêmes, cette découverte pourrait bien bouleverser notre conception de l’Univers et ouvrir de nouvelles perspectives sur la matière, les forces fondamentales et l’origine de notre cosmos.