Celle qui peut sentir l’odeur de la maladie de Parkinson

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Crédits : Université de Manchester

En utilisant les compétences olfactives d’une femme, des chercheurs ont pu déterminer la manière dont la maladie de Parkinson affecte les odeurs d’une personne. Une découverte qui promet, on l’espère, la mise en place de nouveaux moyens de diagnostic précoce.

Un nez exceptionnel

Il y a une trentaine d’années, l’infirmière Joy Milne a commencé à remarquer une odeur distincte émanant de son mari. Quelques années plus tard, ce dernier fut diagnostiqué avec la maladie de Parkinson. Sur le moment, Joy Milne n’a bien sûr pas établi de lien. En rejoignant quelques années plus tard une association caritative centrée sur la maladie, elle commença en revanche à fréquenter d’autres sujets concernés. Elle identifia alors chez eux cette même odeur inhabituelle.

Intriguée, Joy Milne s’est entretenue en 2012 avec un neuroscientifique pour lui faire part de ses interrogations. Ce dernier, également intéressé, lui a donc fait passer quelques tests. Il a demandé à six patients atteints de la maladie de Parkinson et à six sujets en bonne santé de porter un t-shirt propre pendant une journée. Le lendemain, les 12 t-shirts ont été présentés individuellement à Joy Milne. Après plusieurs minutes elle fut – de manière surprenante – capable d’identifier 11 des 12 t-shirts correctement.

Ce n’était pas un hasard. Cette femme tenait quelque chose. Dès lors, une équipe de chercheurs s’est employée à identifier les éventuels composés associés à cette odeur particulière. Plusieurs années de travaux auront été nécessaires, mais nous savons désormais que les personnes concernées semblent en effet sécréter un sébum particulier par la peau. Et dans cette substance grasse, des molécules bien spécifiques semblent dégager une odeur que Joy Milne, avec son nez exceptionnel, est capable d’identifier.

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Crédits : Pixabay/ stevepb

Vers des diagnostics plus précoces

La recherche en est encore à ses débuts, mais cette nouvelle découverte laisse entrevoir la possibilité de mettre en place de tests de détection précoce de la maladie. Il serait même possible, à terme, et en affinant ces tests, de pouvoir identifier la maladie à différents stades de son développement. Joy Milne avait en effet rapporté que l’odeur dégagée par son mari allait et venait, en fonction de l’efficacité du traitement.

« Nous avons maintenant prouvé la base moléculaire de l’odeur unique associée à la maladie de Parkinson et nous souhaitons en faire un test, a déclaré Perdita Barran, de l’Université de Manchester (Royaume-Uni). Cela pourrait avoir un impact considérable non seulement sur un diagnostic précoce et définitif, mais également pour surveiller l’effet du traitement sur les patients ».

On rappelle que la maladie de Parkinson se caractérise par la destruction des neurones à dopamine de la substance noire du cerveau. Ceux-ci sont notamment impliqués dans le contrôle des mouvements (plus rigides, tremblements). Des traitements existent pour améliorer la qualité de vie des sujets, mais il n’y a à ce jour aucun remède permettant d’en guérir. Les causes de la maladie sont également inconnues. Environ 200 000 personnes seraient directement concernées en France.

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